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                  LES SARRASINS DANS LE LYONNAIS.                       397

 Danube, nom autochlhone, imposé, avant les Arabes, par
 nos pères les Gaulois (1)? Eh puis! ajouteront les personnes
 délicates, est-il convenable de s'enorgueillir d'une appellation
 qui rappellerait un peuple mécréant, souillé de sang, ennemi
 de notre culte, destructeur de nos lieux saints, enrichi des
dépouilles de notre patrie, chargé de la malédiction de nos
pères? La première observation seule a du poids, la seconde
nous paraît futile.
   On n'a point horreur du souvenir des Romains -, leurs mo-
numents ont couvert noire sol , et cependant qu'étaient les
compagnons de Romulus? d'infâmes bandits. Qu'étaient les
guerriers de César? d'avides et rapaces conquérants. Qu'étaient
nos gouverneurs? des proconsuls, dont le nom est resté
comme une tache et une injure. Si, au lieu de maudire chaque
trace de leurs pas sur le sol sacré de la Gaule, on se pare et
on se vante des stygmates que nous ont laissés ces cruels
dominateurs, toute vérité historique mise à part, toute étymo-
logie réservée, que notre rivière s'appelle Ain ou Dain, nous
ne voyons pas qu'on ait à rougir de ce qui peut rappeler
dans nos contrées les compatriotes de Job, d'Avicennes et
d'Anlar (2).
                                       Aimé VINGTRINIER.
     Septembre 1862.


   (1) « Mots qui se rapportent également au kymrique et au gaélique :
dan, audacieux, violent. » (ROGET, baron de BELLOGDET, Ethnogén. gaul.)
   ci Si le nom originaire est Àin, c'est un vieux mot celtique qui signifie
source, fontaine, et qui même a cette signification dans les langues orien-
tales. » (BACON-TACON, Recherches sur les origines celtiques, t. i, p. 192).
   (2) Voyez Paradin, Chorier, J.-Cl. Martin, Jean Brunet, Lapierre,
Thomas Riboud. Lateyssonnière , MM. Paul Guillemot , Chaix , Borel
d'Hauterive, Fauché-Prunelle, O. Monnier, etc.