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                 LES SARRASINS DANS LE LYONNAIS.                    391

promener leur vengeance. Alors eurent lieu ces atrocités qui
 remplirent d'effroi les populations, alors on vit ces dévasta-
lions dont les siècles ont eu de la peine à guérir les blessures,
mais dont ils n'ont pu effacer le souvenir.
    Parmi les lieux où on peut retrouver des traces de la fuite
des musulmans, lorsqu'ils traversèrent la Saône, nous cite-
rons particulièrement Châlon (1), Tournus, Boz, Uchizy, Ser-
moyer, Fleurvilie, Ozan, Arhigny, Mâcon, Lyon. Plusieurs
tribus s'arrêtèrent dès qu'elles eurent mis la rivière entre
elles et leurs ennemis ; à Ponl-de-Veyle, à Louhans, en
d'autres lieux encore, on montre la chaussée ou la digue des
Sarrasins, dénomination qui, si elle ne prouve pas que ces
ouvrages leur appartiennent, indique du moins combien leur
nom est encore vivant dans le pays. Dans le Bugey, trois
villes imposantes furent détruites, et deux d'entre elles si
complètement, qu'on ne sait où trouver le lieu où elles
existaient. îsernore, à la douce appellation, a conservé les
ruines d'un lemple célèbre; Orindinse a dû s'élever au
confluent de l'Ange et de l'Oignin; la ville des Tattes devait
être sur les bords de la Yalserine, non loin de Ghâtillon-de-
Michaiîle. La Chronique de Saint-Amand , un des plus
anciens documents de l'histoire du Bugey, ne donne que des
détails incomplets à cel égard.
   Les monastères de Nantua , d'Ambronay et de Sainl-
Rambert-de-Joux, dans la gorge de l'Àlbarine, furent ren-
versés. La Franche-Comté, la Savoie, le Dauphiné se cou-
vrirent de ruines. Les histoires de c6s provinces donnent de


   (1) Vers 645, le siège épiscopal de Chalon-sur-Saône était occupé par
un homme de bien nommé Gratus qui habitait le faubourg Saint-Laurent :
déjà à cette époque le faubourg communiquait avec la ville par un pont.
Comme à ïournus el à Mâcon, le pont de Châlon servit de passage aux
Sarrasins et fut détruit derrière eux.