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390 LES SARRASINS DANS LE LYONNAIS. de musulmans ivres de vin ou gorgés des graisses impures des troupeaux de la Séquanie! Un sacrifice était nécessaire, il fut ordonné. L'influence occulte, mais toute-puissante des marabouts et des imans, profila des divisions qui régnaient entre les Arabes et les Bérébères ; l'armée fut condamnée à périr, et chaque scheik, chaque émir dispersa ses cavaliers dans les forêts de la haute Bourgogne, les marécages de la Dumbes, les rochers du Bugey et du Dauphiné (1), au milieu desquels, trois cents ans plus tard, les exilés vivaient encore à l'état de nation à part, de peuple séparé et maudit, avec ses lois, sa religion, ses mœurs, et où, aujourd'hui même, on les retrouve avec étonnemenl soit organisés en villages, soit, plus souvent, comme familles maintenues intactes, sans mé- langes avec leurs voisins et ayant conservé sinon le culte, du moins le type physique et moral de la race à laquelle appartenaient leurs pères. Lorsque Chiidebrand eut accompli sa mission et campé avec Pavant-garde des Francs sur les bords du Rhône, que l'approche de Charles-Martel eut été signalée par toutes les voix de la renommée, la fureur des musulmans se réveilla, et ils brûlèrent toutes les cités au milieu desquelles ils parent (1) « Ravagée par les Huns, les Ostrogoths, les Bourguignons, les Lom- bards et les Sarrasins... la Maurictme est peut-être de toutes nos provinces celle dont l'histoire présente le plus de péripéties. » (Travaux de la Soc. d'hist. et d'archéologie de la province de Maurienne, I e r Bulletin, p.m ) « Ce ne fut qu'au X e siècle que les Sarrasins coupèrent le rocher sur lequel s'élève la chapelle de sainte Thècle et desséchèrent la plaine. » (L'abbé TRUCÏIET, Notice historique sur la commune de Valloires). « Les Sarrasins avaient poussé leurs incursions jusque dans nos mon- tagnes (942), Hugues de Provence, roi d'Italie,, les chargea de garder les principaux passages des Alpes du nord contre son compétiteur Bérenger. » (Ducis, Voies romaines, Revue Savoisicnne, 15 avril 1861.) « Nous citerons ensuite ces colons, d'origine évidemment étrangère, qui vivent depuis des siècles isolés dans les marais desséchés de la Bresse. » (ROGET DE BELLOGUET, Etltnogéiiic gauloise.)