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                        LYON AVANT 89.                       343
 reproche à leur triomphe, une menace à leur conquête. Le
 son lointain de la cloche de Saint-Just dominait le bruit de
 la ville inquiète et venait jusqu'au milieu des délibérations de
 la commune apprendre aux vainqueurs que leurs fiers suze-
 rains étaient encore près d'eux et qu'en ce moment même ils
 allaient célébrer l'office religieux pour invoquer contre les
 rebelles l'appui du Seigneur de tous. La commune voulut
 supprimer ce dangereux voisinage, en arrachant au Chapitre
son dernier asile, mais les murailles de Saint-Just étaient
hautes, et sur la brèche, les chanoines, prêtres-chevaliers,
combattaient au milieu de leurs soldats. Les efforts des bour-
geois se brisèrent toujours contre ce cloître aux longs rem-
parts flanqués de tours. D'ailleurs les comtes avaient à leurs
services d'autres armes que les épées et les lances; quand ils
se sentirent réduits à la dernière extrémité, ils appelèrent à
leur aide le clergé de la province qui se réunit à Belleville
sous la présidence de Gérard, évêque d'Autun, administra-
teur intérimaire du diocèse, et excommunia les habitants de
Lyon.
    Celle dure sentence effraya les bourgeois; en devenant
libres, ils voulaient rester chrétiens ; ils ne cédèrent aucune
de leurs conquêtes, mais ils déposèrent un instant les armes
et remirent leur cause à l'arbitrage de la Couronne et du
Saint-Siège.
   Malheureusement on était en l'année 1269, où saint Louis,
absorbé par les préparatifs de la huitième croisade, avait peu
de temps à donner aux affaires intérieures de son royaume.
Il examina cependant, d'accord avec le légat du pape, les
plaintes de la commune et du Chapitre de Lyon, imposa une
trêve aux combattants, et supprima l'abus qui avait le plus
irrité les bourgeois en substituant la justice royale à celle de
la seigneurie.
   Le roi partit pour l'Afrique et mourut devant Tunis ; la