page suivante »
344 LYON AVANT 8 9 . trêve expira et la guerre recommença avec une nouvelle fureur. Les chanoines furent les premiers à reprendre les armes, et, lançant brusquement leurs troupes contre la ville, parvinrent à l'envahir sans pouvoir s'y maintenir. Quelques jours plus tard, l'armée bourgeoise, divisée en trois colonnes, et renforcée par les hommes d'armes du seigneur de la Tour- du-Pin , marchait contre l'imprenable forteresse. L'assaut, nous disent les chroniques, dura depuis trois heures jusqu'à la nuit, les deux partis combattirent vaillamment, el il y eut là beaucoup de meurtris et de blessés, mais les bourgeois furent repoussés ; un second, un troisième assaut échouèrent, et prouvèrent que les bourgeois devaient renoncer à s'empa- rer de Saint-Just, comme le Chapitre à reprendre Lyon. Alors les deux partis, impuissants à se détruire, voulurent au moins se venger ; leurs troupes sortirent delà ville et se répandirent dans la campagne. Pendant que les soldats du Chapitre dévas- taient les maisons et les terres des bourgeois, ceux de la commune pillaient les églises (1) et les seigneuries du comté. Celte période barbare ne cessa pas avant le jour où l'ancien chanoine de Lyon, Thibaut, élu pape sous le nom de Gré- goire X, tint à Lyon un concile et arrêta la guerre par une décision souveraine qui, en relevant les bourgeois des sen- tences d'excommunication fulminées contre eux , donnait gain de cause au Chapitre et détruisait la commune. Condamnés par le Saint-Siège, les bourgeois en appelèrent au roi de France. Philippe-le-Bel les prit sous sa protection (2) et les autorisa à « garder les clefs de la ville, à exiger des habitants tailles et collectes en cas de besoin, à leur faire prendre les armes pour la défense de la ville et à avoir et (1) L'histoire mentionne spécialement le pillage de l'église d'Ecully, et le massacre des prêtres et fidèles qui s'y trouvaient. (2) Lettres patentes données en 1292 à l'abbaye du Lys près Melun.