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342 LYON AVANT 89. ans, le pape fut retourné en Italie,emmenant avec lui l'arche- vêque Philippe de Savoie (1), les chanoines profitèrent de la vacance du siège épiscopal pour exercer avec plus de rigueur que jamais les droits de la seigneurie, et leur sévérité, injuste peut-ôlre, en tout cas inopportune, amena enfin cette guerre toujours imminente et toujours suspendue depuis près d'un siècle. De part et d'autre on s'y prépara comme pour une expé- dition en règle. Le Chapitre leva les troupes du comté et se retrancha autour de la cathédrale ; les bourgeois établirent leur quartier général à Saint-Nizier, en face du Pont-de- Pierre, seule voie de communication alors existant entre les deux rives. Les hommes et l'argent ne leur manquaient pas; ils trouvèrent des chefs militaires parmi les nobles des pro- vinces voisines, trop heureux de guerroyer, non plus dans les bois et les montagnes, mais dans une grande et riche ville où leur temps allait se passer agréablement et leur sang être bien payé. Bientôt organisée, l'armée des bourgeois, forte, au dire de vieilles chroniques, de vingt mille hommes, franchit le Pont-de-Pierre, culbuta les troupes seigneuriales, et enleva d'assaut le cloître de Saint-Jean (2).'Les chanoines se reti- rèrent en combattant vers l'église fortifiée de Saint-Just, et de là , toujours terribles malgré leur défaite, ils continuèrent à dominer la ville, sinon par la puissance de leurs armes, au moins par le respect et la crainte qu'inspiraient encore leurs droits méconnus et leur caractère outragé. Pendant que les bourgeois organisaient et fêtaient leur victoire, les tours du sombre édifice plantées au sommet de la colline semblaient un (1) Philippe de Savoie donna sa démission de l'archevêché de Lyon pour devenir due de Savoie. Innocent nomma pour le remplacer Guy de Mellot, évêque d'Auxerre , mais celui-ci n'ayant pas accepté et le pape étant mort sur ces entrefaites, Lyon resta sans archevêque. (2) En 1264.