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AU XIIe SIÈCLE. 301
truils n'échappaient pas à la loi générale , témoin Pierre le
Vénérable. Très-sérieusement ils prenaient les rêves de leurs
fièvres pour des apparitions surnaturelles. Nous verrons plus
loin une apparition d'un autre genre donner naissance a
l'abbaye de Joug-Dieu.
Humbert partit pour la Terre-Sainte. Dans les armées
croisées il trouva à satisfaire ses penchants pour la guerre et
pour les plaisirs. Cette vie lui plut; elle lui plut trop. Il ou-
blia femme, enfants et patrie. Un ordre célèbre, la Chevale-
rie du Temple, venait d'être fondé (1118). Chez ces moines
soldats, la licence égalait la bravoure. Rien déplus conforme
aux goûts aventureux d'Humbert. Il s'enrôla dans les Tem-
pliers.
Pendant qu'il oubliait au milieu des combats et des désor-
dres ses devoirs d'époux, de père et de suzerain, les choses
allaient au pis en Beaujolais.
Un état nouveau ne se crée et ne s'agrandit pas sans soule-
ver autour de lui mécontentements, colères, haines. Les voi-
sins du Beaujolais avaient bien des mécomptes et des injures
à venger. L'occasion était des plus favorables. Le père était
mort, le fils ne reviendrait peut-être jamais. Chacun, dit-on,
en profita. Tous à l'envi s'acharnèrent sur la petite baronnie
enrichie des dépouilles des uns et des autres. On ne dit pas
quels furent les plus ardents à la curée.
Une femme et deux enfants en bas âge ne pouvaient suffire
aux difficultés de la situation.
« Et ayant esté quelques années absent, sa femme avec
deux de ses enfans, s'en allèrent remontrer à Eraclius arche-
vesque de Lyon, et a son frère Pierre lors abbé de Cluny,
qui lors florissoyent en sainteté et exemplarité de vie et pré-
lature, comme plusieurs seigneurs leurs voisins, faisoyent sur
eux de grands envahissements et destrousses, occupans leurs
droits de fait et de force et travaillants leurs hommes et su-