Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
276                        HISTOIRE LITTÉRAIRE

 évêques qui alors illustraient l'Eglise, nul n'était plus popu-
 laire que Rhéticius. De son vivant, la reconnaissance des
 peuples attachait à son front l'auréole sacrée. Il passait pour
 avoir exercé sur les déterminations de Constantin une in-
 fluence heureuse (1).
    Telle est, en substance, la narration de Grégoire de Tours;
telle est, avec de légères variantes, celle de la composition
légendaire dont je vais discuter l'origine et donner l'analyse.
    Avec le peu de documents dont la critique dispose, il n'est
guère possible de déterminer d'une manière certaine la
patrie de l'auteur. La description du pays où se passe l'action
de son poème l'a fait regarder par de très-doctes écrivains
comme d'Autun ou du voisinage. (2). Mais cette description
n'est rien moins que circonstanciée, autant qu'en permet de
juger son texte fortement altéré, et il ne paraît pas avoir
une idée bien nette de la région qu'il décrit. Même avec un
vers restitué dans un sens favorable, il est difficile d'admet-
tre qu'il la connut par lui-même. Aucun vers, au surplus, ne
démontre qu'elle soit sa patrie, ni même sa demeure. Voici
comme il s'exprime : « Dans ces lieux, où baignant ses rives
« d'une eau dormante, l'Ârar tardif déploie un instant son
« cours paresseux, où, vers le Rhône, son frère, s'étend la
« terre natale des Eduens. »
        Nam quâ staynanti prœlabitur agmine ripas
        Tardus Arar, pigrumque diû vix explicat amnem,
        Quà fratrum Rheno protenditur Hedua pubes (3).

   (1) S'il n'est pas prouvé que saint Rhéticius instruisit le premier dans la
foi le fils de Constance Chlore, après la vision de la croix miraculeuse, il
est sûr, au moins, qu'il jouissait de toute la confiance de ce prince. Ce fut
à sa prière que le saint évêque d'Augustodunum se rendit, en 313, à Rome,
où se débattait l'affaire des donalistes (V. Eusèb. et Opt., cités à ce sujet
par les auteurs de l'Hist. litt., t. I, p. 59).
  (2) V. Hist. litt. delà Congrég. de S.-Maur, I, 95.
  (3) Traduit, avec toute la bonne volonté possible, le troisième vers