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262 ABBAYE DE LA BÉNISS0NS-DIEO. doive classer ce monument dans la catégorie du style ogival primaire.Le plein cintre règne dans le portail et toutes les au- tres ouvertures de l'édifice. L'ogive, il est vrai, s'y révèle in- térieurement dans !es arcades des pilasires et des arcs-dou- bleaux, mais il faut convenir que c'est d'une manière si peu apparente et tellement timide qu'on pourrait dire, en quelque sorte, que c'est moins l'ogive obtuse que !e plein cintre brisé qui domine dans cet arrangement. D'où nous con- cluons que notre église est un des plus anciens types ou apparaît l'ogive sèche mariée aux réminiscences de l'école byzantine. C'est évidemment la fin du XIIe siècle ou tout au moins les premiers commencements du XIII e qui se montrent ici avec toute la sévérité caractérisant l'époque dont il s'agit. Et on peut dire que cette phase architectu- rale si ferme, si grave, si sobre d'accessoires et d'ornemen- tations s'harmonise parfaitement avec les mœurs austères des premiers Cisterciens qui, comme on le sait, s'efforçaient de rejeter du sanctuaire toute espèce de décoration luxueuse, non comme indigne de Dieu, mais comme contraire à la pauvreté et à la gravité monastiques. Différents auteurs qui ont écrit sur l'ordre de Citeaux font remarquer que dans l'espace d'un siècle, c'est-à -dire depuis 1150 jusqu'en 1250, les disciples de Saint-Étienne Harding bâtirent en France plus de trois cents églises portant toutes à peu près le môme caractère architectural qu'on remarque dans la nôtre. Effectivement, on peut observer que, à part quelques légères variantes devnaent de plus en plus sensibles à mesure qu'on se rapproche davantage de la période pure- ment ogivale, tous ces édifices sont frappants par leur unifor- mité. C'est partout la même simplicité grandiose, une pureté de lignes irréprochable et une sobriété d'ornements qui rap- pelle , on ne peut mieux , l'esprit primitif de Cîteaux , esprit d'abnégation el de pauvreté purement évangélique , dont il