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234 BIBLIOGRAPHIE. cuse sont moins l'œuvre des Grecs eux-mêmes que celle des grandes puissances, dont chacune est représentée en Grèce par un parti qui lui est dévoué ; cet état de choses disparaîtra quand la question d'Orient, enfin résolue, aura cessé de tenir l'Europe en armes. Si nous avons donné aux considérations qui précèdent un dé- veloppement inusité peut-être dans une notice bibliographique, c'est que nous avions pour but de mettre plus complètement en évidence l'intérêt de l'ouvrage de M. Yemeniz, l'importance et le caractère d'actualité des détails historiques qu'il renferme. La première partie du livre est consacrée aux figures les plus éclatantes, les plus illustres de l'histoire de la régénération de la Grèce. Entre tant de héros, M. Yemeniz a choisi ceux qui repré- sentent le mieux les différentes phases de cette œuvre gigan- tesque et il s!est institué leur Plutarque. Le premier est Photos Tsavellas, le polémarque de Souli ; en lui se résume la première période de la guerre de l'indépendance, cette lutte dans les mon- tagnes, commencée dès le lendemain de la conquête musulmane, soutenue pendant quatre siècles et close par la destruction com- plète de Souli ; lutte grandiose et terrible, comme le théâtre sur lequel elle s'est accomplie. L'auteur a visité cette région, toute de rochers et d'abîmes, dans laquelle les poètes avaient placé les ouvertures de l'enfer et qu'une guerre à outrance a faite plus dé- solée encore ; c'est dans la patrie même de Tsavellas que M. Ye- meniz s'est fait raconter la vie merveilleuse du capitaine de la sombre montagne, de ce héros légendaire qui tint si longtemps en échec le vautour de Janina. L'Epire n'est pas libre aujour- d'hui ; la diplomatie en a décidé autrement, mais les germes de liberté dont le sol est plein sont impatients d'éclore. Tsavellas n'est pas mort, disent les montagnards épirotes ; en effet, son âme demeure avec eux et quelque jour elle achèvera l'œuvre de la délivrance. Citons en passant quelques-uns des noms qui se placent, dans le récit de notre auteur, auprès du nom de Tsa- vellas : Moscho, sa mère, Chaïdo, sa sœur, et Samuel, le moine sublime qui, plutôt que de capituler, se fait sauter, avec ses derniers Souliotes, dans la forteresse de Kounghi.