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                          BIBLIOGRAPHIE.                       233

 tentions rivales des puissances, dans le remaniement de l'Orient
 européen. Le poste que les Turcs sont impuissants à garder sur
la frontière d'Asie devra quelque jour être confié à une natio-
 nalité forte et vivace, et il semble que la race grecque soit dé-
 signée, à l'exclusion de toute autre, pour ce rôle dont elle est
 digne. Le patriotisme grec pressent cet avenir ; tout ce qu'il y
a d'esprits généreux parmi les Hellènes est dévoué à la grande
idée.
   Peut-être notre sympathie semblera partiale et exagérée ; nous
savons que plus d'une fois, dans ces derniers temps, la Grèce a
été jugée avec sévérité. A ses luttes héroïques, on a opposé sa
conduite dans la paix qui les suivit, ses déchirements intérieurs,
les obstacles rencontrés par le patriotisme éslairé de Capodistrias
(l'assassinat du président fut un crime isolé dont le peuple fit
justice), l'impuissance de ce pays à s'administrer lui-même,
impuissance si bien reconnue qu'elle détermina l'Europe à lui
donner un prince allemand, et l'on a ajouté à tous ces griefs les
nombreux malentendus qui ont divisé le peuple grec et le gou-
vernement bavarois chargé de le discipliner. A tout cela nous
répondrons que c'est une suprême injustice de demander à une
race sur laquelle ont pesé tant de siècles de décadence et de ser-
vitude, qui sort d'une guerre d'extermination, les calmes vertus
des nations heureuses ; nous répondrons aussi que cette mobilité,
tant reprochée au peuple grec, ne l'empêcha jamais dans l'anti-
quité, quelques maux qu'elle ait causés, d'être puissant et re-
doutable, parce que les ambitions divergentes s'unissaient en un
faisceau indestructible, quand la patrie était en danger. Enfin
nous dirons, sans faire le procès au gouvernement du roi Othon,
que cette royauté allemande, que les Grecs avaient le droit d'ac-
cueillir avec défiance, comprit mal peut-être sa mission difficile,
que la sagesse des gouvernements enfante celle des peuples, et
que la meilleure preuve qui puisse être donnée de cette vérité à
la monarchie grecque, c'est l'aplanissement soudain des obsta-
cles qui entravent l'action de son pouvoir, toutes les fois qu'elle
entre dans une voie libérale, avec cette loyauté dont elle a sou-
vent donné des gages. Un dernier mot : les troubles qu'on ac-