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ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS. 219 médiaire; il néglige, comme tous les anciens historiens, les particularités géographiques et laisse par là un vaste champ aux conjectures. Me serait-il permis d'apporter mon sentiment sur ces dif- férents points de l'émigration helvélienne? Je m'appuierai sur les renseignements peu nombreux que nous trouvons dans les Commentaires, et ensuite, je déduirai ce qu'ont fait les Helvéliens e( la marche qu'ils ont suivie, de ce qu'ils ont dû faire naturellement et du chemin qu'ils ont dû prendre. Le peuple remuant et guerrier qui habitait l'Helvétie s'ennuyait de vivre au milieu de ses montagnes couvertes de frimats. Les vallées étroites qu'il occupait ne fournissaient pas assez de blé pour nourrir une population qui s'accrois- sait considérablement. Entouré de peuples jouissant d'un climat plus doux et d'une terre plus fertile, il faisait souvent des incursions sur leurs terres et en rapportait un butin qui l'enrichissait. Cependant, les désirs des Helvétiens d'abandon- ner leur triste contrée augmentaient de plus en plus. Aussi se joignirent-ils avec empressement aux Cimbres et aux Teutons qui, vers l'an 110 avant Jésus-Christ, envahirent la Gaule, anéantirent plusieurs armées romaines, se répandirent môme à grands flots dans l'Italie, et auraient fixé les derniers deslins de Rome, si le génie de Marius ne les avait complète- ment vaincus et détruits dans les champs de la Provence et sur les bords de l'Adige. Les Helvétiens, qui formaient l'ar- rière-garde de ces hordes envahissantes, s'empressèrent, après la double défaite de leurs alliés, de regagner leurs montagnes qui seules pouvaient leur fournir un refuge con- tre la vengeance des Romains. Cinquante ans après, les Helvétiens, se trouvant de plus en plus resserrés dans leurs âpres montagnes, et redoutant les in- cursions des peuples voisins qui cherchaient à se venger des pillages exercés sur eux, prirent la résolution de chercher un