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220                 ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS.

établissement dans les Gaules et d'y transporter leurs familles
et leurs pénates. Ils y furent excités d'ailleurs, par les
exhortations d'Orgétorix , chef puissant parmi eux et qui
jouissait d'une grande influencedans la nation. Ilschoisirentle
pays des Santons, situé aux extrémités de la Gaule, entre les
 embouchures de la Charente et de la Garonne (1). Ils firent
les préparatifs nécessaires pour cette grande transmigration
qui devait les transporter à plus de deux cents lieues de leur
 pays et durer plus de deux années. Auparavant ils envoyèrent
 sans doute des hommes chargés d'examiner le pays qu'on
 avait le projet d'occuper et la route la plus commode et la
 moins dangereuse : ils envoyèrent aussi des députés pour
 obtenir la permission du passage des peuples puissants dont
 ils avaient à traverser le territoire. Il fallait éviter autant que
 possible les pays de montagnes, dans une marche dans laquelle
 on traînait des femmes, des enfants, des troupeaux nombreux
 et une multitude de chariots chargés des vivres et des meu-
 bles nécessaires. On devait choisir de préférence les vallées
 et les plaines. Les Helvétiens portèrent leur principale atten-
 tion sur la direction que devait prendre leur voyage. Pour
 arriver de l'Helvétie au pays des Santons, il faut traverser la
 chaîne des Côvennes qui sépare la Gaule en deux parties et
 va se réunir vers le nord-est à la chaîne des Vosges. Mais
 cette chaîne qui semble continue, présente cependant une
 ouverture à la hauteur de Chalons-sur-Saône. La Dheune ,
 petite rivière qui se jette dans la Saône, prend sa source dans
 un lac ou étang d'où sort une autre rivière, la Bourbince

   (1) Les Helvétiens avaient probablement obtenu des Santons la permis-
sion d'occuper une partie de leur pays, qui présentait alors sans doute de
vastes terrains en friche. Ces permissions s'obtenaient assez souvent de
peuple à peuple. Nous le voyons par l'exemple des Boïens s'établissant
chez les Eduens et les Coeosates, et celui des Bituriges, dont une partie se
transporte des bords de la Loire aux boeds de la Garonne.