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214                      HUMBLE REQUÊTE.

avions confié à une Commission, toute entière choisie parmi
toutes les petites races d'oiseaux, insectivores, ou vivant seu-
lement de baies ou de grains, le soin d'élaborer et de tous
soumettre un projet de loi, afin de simplifier votre besogne
et d'abréger vos séances. Ce projet rédigé par Miss Linotte,
notre plus forte tête, avait été discuté dans une assemblée
générale. Chacun de nous y avait glissé son mot, son amen-
dement et son sous-amendement, moyen infaillible comme
chacun sait d'arriver à une rédaction claire et qui ne laisse
aucune prise à l'esprit de chicane et aux doubles interpréta-
 tions. Enfin une députation allait porter ce projet au palais
Bourbon, lorsque parut la loi de 1844 sur la police de la
 chasse, Cette fois la pensée de vos législateurs avait failli se
 rencontrer avec la nôtre ; ils avaient entrevu , sinon atteint
 complètement, le but que nous nous étions proposé. La
 chasse aux filets avait été interdite ; c'était une grosse affaire,
 un pas immense. Mais il restait d'autres engins menaçants
 qui nous plaçaient sous le coup d'appréhensions perpétuelles,
 destructives de la liberté d'esprit nécessaire pour remplir
 comme il eût convenu notre mission protectrice à l'endroit
 de vos récolles. Notre sori n'en fut pas amélioré ; nous con-
 tinuâmes à payer le tribut du sang à vos appétits carnassiers,
 et de leur côté les chenilles continuèrent à promener la dé-
 vastation dans vos plus riches domaines. Votre loi avait
 manqué son but et était devenue comme une boîte de Pan-
 dore, d'où devaient s'élancer des myriades de chasseurs qui
 se prirent à quitter les douceurs du foyer et à jeter au vent
 les outils de leurs professions, pour s'en aller comme Marl-
 brough en guerre et faire concurrence à vos damnés bracon-
 niers. Encore si l'échelle des peines avait été suffisante !
 Mais quelle sanction pouvait apporter à voire loi l'insigni-
 fiance de vos amendes (1) ? Dans son travail préparatoire,

  (1) En formulant les amendes dans vos anciennes lois, on a trop cédé Ã