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HUMBLE REQUÊTE. 207 à l'heureuse inspiration de ce brave Raclet, dont le nom est resté cher à !a province beaujolaise. Ont-ils songé seule- ment, vos savants, à appeler, au secours de leurs théories, le concours toujours si dévoué des petits oiseaux? C'eût été par trop simple : la science ne s'humilie pas ainsi. Une bonne loi sur la chasse eût été le complément d'une bonne loi sur l'échenillage. Mais la science s'est tue sur ce point, et le lé- gislateur aussi. Il ne viendra, nous l'espérons, à la pensée de personne qu'un sentiment de rivalité nous anime contre ces savants, qui n'ont rien trouvé de mieux que d'établir, à notre encontre, une concurrence par l'échenillage qu'ils ont conseillé. Car nous pouvons, sans trop de vanité, nous flat- ter que cette concurrence n'a rien qui doive nous effrayer , sûrs que nous serons toujours plus ardents à cette besogne que tous les conseils généraux, tous les comices agricoles, tous les savants et tous les vinicoles réunis. On nous rendra cette justice que nous n'avons pas, comme vos académi- ciens, besoin de jetons de présence pour nous exciter à la picorée. C'est que la, voyez-vous, est notre mission. Ils ne peuvent ignorer, vos savants, que partout où la Providence a mis un animal, elle en a placé un autre tout auprès, destiné à lui faire une guerre plus ou moins active, et à prévenir sa trop grande multiplication. C'est ainsi que tôt ou tard vous verrez, dans le royaume de l'Inde, le Russe aux prises avec l'An- glais. C'est là une loi d'équilibre providentiel, tout aussi bien établie que les plus solides lois de Newton. Et cette autre loi quasi-newtonienne, qui rentre dans la première, et veut que toujours et partout le faible soit soumis aux appétits du plus fort! Demandez à la Pologne, aux îles Ioniennes, à Naples et aux Etats romains. El voilà pourquoi, Messieurs, il nous pa- raîtrait tout à fait rationnel que vous nous laissassiez, ainsi que firent vos pères, le soin exclusif, ou au moins en concur-