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AtJ XIIe SIÈCLE. 193 commerce nul, de quoi vivait donc l'orgueilleux baron qui s'intitulait sire de Beaujeu? Il vivait lui et les siens des re- devances arnuJiiiejs-aji--lxaïaU-.ingr-al des serfs et colons, du tribut payé par quelques rares propriétaires restés libres, et, il faut bien le dire, du pillage des riches abbayes voisines, de la guerre avec les seigneurs des environs, du rançonneraient des voyageurs et du détroussement des marchands. Au douzième siècle s'opère une Iransformalion complète. Bourgs et villes sortent du sol. Le commerce et l'industrie y naissent et prospèrent. Ces centres de population exercent autour d'eux une influence favorable à l'agriculture. La po- pulation augmente. La puissance et la richesse du pays en sont décuplées, Ce mouvement ascendant d'où sortira la civilisation moderne débute par une révolution territoriale : la propriété se féoda- lise, l'alleu se change en fief. Je m'explique. L'alleu était la terre indépendante, libre, la terre sans seigneur, en dehors de la féodalité ; le propriétaire, les charges de l'Etat acquittées, ne devait rien à personne, n'était soumis à aucune sujétion. Le fief était la terre dépen- dante, asservie, inféodée ; le propriétaire du fief étailliô vis à vis de son seigneur h qui il devait hommage, fidélité, service à la guerre, etc. A l'époque où nous sommes arrivés, nous voyons en Beaujolais et autour du Beaujolais les propriétaires d'alleux se faire volontairement les feudataires du sire de Beaujeu, ses hommes liges. Pourquoi cette transformation ? Pourquoi se jettent-ils sous le joug féodal ? Pourquoi la terre libre abdique-t-elle sa liberté? Parce que les pouvoirs publics anéantis ne la protégeaient plus et qu'elle n'était pas assez forte pour se protéger elle-même. Dans sa perplexité, elle se tourne vers le seigneur voisin le plus proche et le plus capa- ble de la défendre. Elle demande sa protection moyennant cer- 13