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PIERRE REV01L. 183 époque sa physionomie, h chaque chose son nom, a chaque homme ses actes. La République, en brisant la statue de Louis XIV, a-t-elle pu empêcher le retour de Louis XVIII? en renversant celle de Napoléon Ier, la Restauration a-t-elle empêché le retour de Napoléon III? Triste et puéril ostra- cisme, que les progrès de la raison finiront, il faut l'espérer, par proscrire à jamais ! On comprend qu'on se venge sur un homme, on ne comprend pas qu'on se venge sur une statue de marbre ou de bronze! Quand un peuple se donne un nouveau gouvernement, il ne stipule que pour l'avenir ; le passé ne lui appartient plus ; les monuments qu'il a élevés sont les pages de son histoire qu'on ne peut pas plus sup- primer qu'on ne peut supprimer le temps dont elle est l'image. C'est bientôt après avoir achevé cette page, que Révoil entreprit son fameux tableau de Y Anneau de Charles-Quint, véritable chef-d'œuvre de composition et d'exécution. Charles-Quint, pour apaiser plus promptement une révolte des Gantais, avait demandé a François Ier la permission de traverser ses États, oubliant peut-être que le roi qu'il avait retenu captif à Madrid pourrait bien profiter de cette occa- sion pour prendre sa revanche. C'est à ce propos, dit-on, que Triboulet, le fou du roi, se hâta d'inscrire le nom de Charles-Quint sur sa liste des fous; ce que le roi apprenant, lui dit : « Et si je le laissais passer? — Si vous le laissiez partir, j'effacerais son nom de ma liste, et j'y inscrirais le vôtre a sa place. » François Ier rit, mais n'en tint pas moins sa parole. Toutefois Charles-Quint, qui était peut-être de l'avis de Triboulet, était moins rassuré qu'il ne voulait le paraître ; aussi songea-t-il a s'assurer l'appui de la duchesse d'Etampes, la maîtresse du roi. C'est dans ce but, que, lors de son entrevue avec François Ier, il laissa, sur sa table, en feignant de l'oublier, un magnifique anneau , pensant bien