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182 PIERRE REVOIL. k se rapprocher de cette manière grande et sublime qui ca- ractérise ce prince de la peinture. Sa vaste imagination embrassait tous les genres, depuis la grande peinture reli- gieuse, jusqu'aux gracieuses conceptions du moyen-âge. Il avait aussi une prédilection prononcée pour l'école hollandaise dont il enviait la couleur vraie et le rare fini, qualités qu'il a su faire passer dans quelques-unes de ses oeuvres, en y joignant plus de sévérité dans le dessin et plus de dignité dans la composition. La première œuvre capitale de Révoi! lui fut inspirée par la reconnaissance. Elle consistait dans un tableau qui représentait : Bonaparte relevant la ville de Lyon de ses ruines. On y voyait le premier Consul arrivant dans notre cité, suivi de génies pleins de vie et de fraîcheur, personni- fiant l'industrie, le commerce et les arts. Il tend la main k une femme dont la figure est empreinte de cette douce et touchante majesté que le malheur seul sait donner. Cette femme, pâle et les yeux flétris par les larmes, porte une cou- ronne murale; elle est tristement appuyée sur un lion blessé qui lèche ses membres déchirés, et se trouve entourée d'une foule de petits génies maigres et languissants, qui tiennent des instruments de travail brisés, et entourent la statue mu- tilée du commerce. A l'aspect du héros, tous les bras sont tendus vers lui, et ces figures amaigries semblent reprendre la vie et sourire à l'espérance. Ce remarquable tableau avait été commandé à Révoil, sur un dessin de lui, qui fut présenté k M. de Verninac, alors préfet, et approuvé par le ministre qui se trouvait dans ce moment à Lyon. Cette toile fut mise au musée de la ville, d'où elle a été enlevée et détruite en 1814, au retour des Bourbons Etrange aberration des partis ! triste politi- que dont l'histoire, ce grand registre de l'état civil des peuples, ne tarde pas à faire justice, en rendant à chaque