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PIERRE REVOIL. 179 Nous étions en 1813. L'affreux hiver de cette année avait détruit la grande armée, elle n'avait pu être vaincue, elle fut gelée ! Il fallait bien, puisque son heure avait sonné, que le destin s'en mêlât, car lui seul pouvait la vaincre. Quoi qu'il en soit, nos travaux à nous, jeunes et insou- ciants élèves, n'en continuaient pas moins. La fête de Ré- voil arrivait, et, c'était la notre principale préoccupation. Tout était prêt, bouquets, musique aussi un peu, car c'est nous qui la formions; quand Révoil, a notre aspect, s'écrie, la tristesse au front : Mes enfants, la France est envahie, les autrichiens marchent sur Lyon, je n'ai point de fête cette année ! A ces mots, foudroyés par cette fatale nouvelle, comme si nous ne l'eussions pas connue, notre première pensée est de veiller a la sûreté de notre maître, et nous formons soudainement le projet de lui constituer une garde et de défendre sa demeure contre l'ennemi qui s'avançait... Pauvres enfants! il s'agissait de bien autre chose que de défendre notre professeur C'était notre malheu- reux pays, c'était notre France, notre mère qu'il fallait dé- fendre, et qu'y pouvions-nous, hélas ! Ainsi, c'en était fait ; l'Empire était tombé et la Restau- ration proclamée Quand une dynastie a fait son œuvre, quand la force des choses a marqué l'heure fatale a laquelle elle doit disparaître, ce ne sont pas ses fautes, comme on le croit, qui la tuent, c'est la force des choses. Elle meurt parce qu'elle doit mourir, parce que son heure était venue. Quand la condamnation a été prononcée, on peut obtenir un sur- sis, jamais la grâce. La Restauration fut un sursis. Enfant de la Révolution, témoin des excès de la ter- reur, Révoil avait accepté avec bonheur le gouvernement impérial qui avait été salué par lui comme on salue l'arc-