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'180                    PJERRE KEVOIL.

en-ciel qui annonce la fin de l'orage. Il avait servi ce gou-
vernement avec fidélité, son pinceau avait même glorifié le
premier consul, dans une de ses principales compositions
dont je parlerai bientôt. Son âme droite et honnête ne lui
aurait pas permis de prêter son concours, quelque peu
politique qu'il fût, à un gouvernement dont il aurait été
l'ennemi. Les malheurs de l'Empereur, si intimement mêlés
aux malheurs de la France, l'avaient ému, et l'invasion étran-
gère l'avait profondément attristé; ses ennemis ont voulu
faire croire le contraire ; nous qui avons été témoin de sa
consternation, nous avons le droit de dire que c'était là une
calomnie.
   Révoil, royaliste par instinct, par tempérament, par na-
 ture, par réaction contre la terreur, avait, tout en déplorant
les malheurs de l'Empire et de la France, applaudi au retour
 des Bourbons, retour avec lequel son imagination chevale-
resque voyait renaître les anciennes et glorieuses traditions,
objet de ses plus chères études. Pour lui» l'Empire avait
été un mariage de reconnaissance et de raison, la Restau-
ration fut un mariage d'amour et d'imagination. Ami de
Ballanche, de Chateaubriand, de Ducis , de Chantelauze
et de la plupart des anciennes illustrations de cette époque,
 son opinion politique dut s'en ressentir.
   Quoi qu'il en soit, les choses, malgré le changement sur-
venu dans le gouvernement de la France, étaient restées les
mêmes pour nous, et les événements politiques n'avaient
ralenti ni nos études ni les efforts constants que laisait
notre maître pour leur donner l'impulsion désirable. Ces
efforts ne lurent pas perdus. Onze des élèves de Révoil
furent admis à la grande Exposition de 1819 et y furent
remarqués non seulement par le public, mais encore par
le Roi qui leur adressa les paroles les plus flatteuses, et,
l'un d'eux obtint une des grandes médailles de l'exposition,