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178                         PIERRE REV01L.

nous n'étions plus ses élèves, mais ses camarades, ses
amis, et il était plus fier de nos succès que des siens ! C'est
ainsi qu'après l'exposition de 1819, un de ses élèves reçut
de lui une palette en vermeil. Le maître y avait fait graver
ce précepte : Nulla dies sine lineâ : le camarade y avait
fait ajouter : « Pierre Révoil a         (1) souvenir de gloire
et d'amitié. »
   D'amitié, oui       L'amitié reste et pousse des racines
dans les cœurs bien faits, comme le chêne dans la bonne
terre ; mais la gloire, où est-elle, et qu'est-ce?
   Vous avez deviné, Messieurs, que j'étais l'un de ces en-
fants gâtés de Révoil, et vous comprendrez le bonheur que
j'éprouve a vous entretenir aujourd'hui de cette mémoire à
jamais bénie et honorée.

   Révoil avait une prédilection marquée pour le moyen âge
auquel il a demandé le sujet de la plupart de ses tableaux.
Fidèle a ce goût, il s'était créé une collection d'objets pré-
cieux de cette époque, cuirasses, armures, bahuts, vases,
tentures, tableaux, manuscrits. Chaque pièce de "ce Musée
était pour nous, de sa part, l'objet d'une instruction ; il nous
en expliquait l'origine, l'emploi, la valeur artistique, et nous
en faisait reproduire quelques-uns par le pinceau.

   Mais si Révoil aimait ses élèves, il est juste de dire qu'en
échange il en était adoré. La première jeunesse est l'époque
de la vie où dominent plus spécialement les nobles instincts,
parmi lesquels figure en première ligne le dévouement. La
nature nous livre au monde bons et généreux : et, si ces
sentiments originels tendent plus tard a s'émousser, ne se-
rait-ce point a la société et, à ce que nous appelons notre
civilisation, qu'il faudrait l'imputer ?

  (l)*"Cet élève était Michel Gcnod. (Note du secrétaire général.)