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PIERRE REVOIL. 173 traie de Lyon, qui avait alors pour professeurs MM. Nonotte et Grognard, qu'il eut peu de peine a dépasser; c'était en 93 et Révoil avait seize ans et demi. Le besoin se faisait sentir dans sa famille, comme partout, et son père ne trouva rien de mieux que de le placer chez un fabricant de papiers peints de Lyon, qui l'employait a faire les emblèmes patriotiques en faveur à cette époque, et notamment de nombreuses images de ce qu'on appelait alors, par la plus sanglante des déri- sions, la liberté ! Bientôt après, Révoil entra dans l'atelier de David , où il acheva ses études de peintre sous ce maître célèbre, qui ne tarda pas a le compter parmi ses meilleurs élèves. La réputation que Révoil s'était acquise par son tableau de Bonaparte relevant la ville de Lyon de ses ruines,, attira sur lui l'attention du gouvernement ; il allait atteindre sa tren- tième année lorsqu'il fut nommé professeur et plus tard di- recteur de l'École impériale et spéciale de dessin, qui venait d'être fondée à Lyon, par l'homme qui fonda tout, parce qu'il succédait a une révolution qui avait tout renversé. Révoil, accueilli avec empressement à Lyon par l'élite de la société, s'y fit remarquer par la rare distinction de ses manières. Enfant du peuple, on l'eût dit issu d'une famille patricienne, a voir la délicatesse de son esprit et l'élégance de son langage ; véritable chevalier français, conteur aima- ble et gracieux, il faisait les délices des salons qui se le dis- putaient et qu'il enchantait aussi bien par ses façons de gen- tilhomme que par ie charme de ses récits pittoresques et animés. Il avait, je ne dirai pas le génie, mais l'amour et le sentiment de la poésie. J'ai pu conserver de lui, une bal- lade que je demande la permission de vous redire, parce qu'elle me semble propre à vous donner une idée de son talent dans ce genre, et aussi de sa prédilection marquée