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                       MOSAÏQUE ROMAINE.                       163

     Au mois de février dernier, un vigneron curieux de vérifier ce
 qu'il pouvait y avoir de nuisible au pied d'un cep languissant,
 ne fut pas peu surpris d'apercevoir sous les racines desséchées
 de l'arbuste, à moins de deux pieds de profondeur, un beau jeune
 homme nu qu'un aigle emportait dans les airs, Qu'aurait-il dit
 s'il eût su cette circonstance aggravante du méfait, que ce des-
tructeur de sa vigne eut autrefois pour fonctions de servir à
boire?... En agrandissant la fouille, on découvrit une mosaïque
romaine fort endommagée, mais dont il reste heureusement le
tableau médial en assez bon état de conservation et quelques au-
tres parties suffisantes pour permettre d'en reconnaître l'ensem-
ble, la forme et l'étendue. Cette mosaïque d'une élégante etriehe
ordonnance, était carrée et avait cinq mètres quinze centimè-
 tres de côté. Un médaillon circulaire en occupait le centre, et
autour de ce médaillon, quatre moitiés de cercle alternaient avec
des caissons carrés en nombre pareil. Une tresse de couleur
accompagnée de bandes rouge, blanche et noire, séparait les
uns des autres ces divers compartiments dont trois seulement
sur huit, ont échappé à une entière destruction. On y reconnaît
un triton tenant un aviron d'une main et de l'autre une algue
marine, un dauphin sur lequel était assise une néréide drapée,
et un buste de femme voilée et couronnée d'acbe. Un rinceau
mince rehaussé de vrilles et de brillants fleurons, formait une
large bordure autour de la mosaïque. Celle bordure devait être
plus large et plus ornée du côté de l'entrée, mais il n'en a été
retrouvé de ce côté aucune trace.
   Le tableau central qui est à fonds noir, représente en grandeur
demi-nature, l'enlèvement de Ganymède. La scène se passe con-
formément à la tradition poétique. L'aigle tient le bel adolescent
par une mèche de cheveux dans son bec, et par les côtés enlre
ses serres, mais si délicatement, qu'on ne saurait comprendre
qu'il puisse lui faire le moindre mal. L'une des serres qu'on de-
vrait apercevoir un peu au-dessous du bras droit, ne paraît en
aucune manière, et l'autre peut tout au plus se deviner dans un
pli de manteau ramené de derrière sur une partie du sein gauche.
Dans le groupe renommé du statuaire Léocharès, dont parole Pline