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88 NICOLAS BERGASSE. Malheureusement le roi, comme tous les caractères faibles, prenait volontiers des conseils, hésitait longtemps, et fi- nissait par opter d'instinct pour le parti le plus voisin pos- sible de l'inaction. C'est ainsi que, lors du fatal retour de Varennes, Bergasse avait demandé et même rédigé une sé- vère réponse du roi aux députés qui avaient accepté la mis- sion de le questionner sur ce qu'on appelait sa fuite. Des avis plus timides ayant prévalu, ce projet de discours fut pu- blié par Peltier, et son auteur dit à l'abbé Maury : « Un roi interrogé ou un roi sur l'échafaud, c'est la même chose. » Trois mois plus tard, il s'employait avec énergie pour dé- tourner Louis XVI d'accepter sans restriction l'œuvre anti- monarchique de la Constituante, et prédisait, après avoir vu l'inutilité de ses efforts, que la France serait en république dans un an. C'était le 14 septembre 1791 que l'acceptation du roi avait été obtenue ; il ne se trompait, comme on voit, que de huit jours ! Après cette journée du 20 Juin 1792, qui fut plus mortelle qu'aucune autre à la majesté du souverain, car le 21 Janvier on devait se contenter de faire tomber sa tête, et le 20 Juin on l'avait coiffée du bonnet rouge, Ber- gasse reçut par l'un des ministres deux lignes de la part du roi, qui lui demandait de rédiger sans délai une adresse aux déparlements. C'était la ressource suprême d'une situation despérée. La proclamation royale fut écrite et produisit un grand effet dans les provinces. Ce fut la première élincelle de la guerre de Vendée ; c'est d'elle que date la formation du camp de Jalès dans le Vivarais. Mais le ministre, dénoncé à l'assemblée et mal soutenu par le gouvernement, fut des- titué, et le mouvement fédéraliste avorta avant de naître. La patrie de Bergasse devait relever, un an plus tard, cet appel contre la tyrannie des faubourgs de Paris et y répondre glo- rieusement pour son compte. On devine que tant d'honneur et de courage ajoutait en-