Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
84                     NICOLAS BERGASSE.

 velle lettre au président de la Constituante. Eloigné de ses
 collègues par son refus de serment, mais se tenant toujours
 pour obligé envers ses commettants, il regrettait, disait-il,
 de ne pouvoir développer à la tribune son opposition au
 décret sur les assignats-monnaie. Dans sa conviction, qui
 était d'ailleurs celle d'un homme très-entendu en finances,
 celte mesure contenait en germe la ruine inévitable de l'Etat.
 On se rappelle que quatre cents millions d'assignats venaient
 d'être créés sur les biens du clergé, qui devaient être vendus
 par la nation pour une somme égale. Le clergé avait offert
 d'effectuer lui-même celte aliénation et d'en verser le prix
 dans les caisses publiques ; mais accepter cette offre à la
 fois généreuse et politique, c'eût été consacrer le droit de
 propriété pour l'ordre ecclésiastique, et c'est précisément de
 ce droit qu'on avait juré de voir la fin. Bergasse réclamait
 donc comme moraliste contre cet odieux caractère de confis-
 cation introduit de parti pris dans la loi, et comme financier
 contre le cours forcé dn nouveau papier-monnaie.
    Son antagoniste cette fois fut le marquis de Monîesquiou,
 rapporteur obligé du comité des finances depuis un an, qu'il
 faut bieu se garder de confondre avec l'abbé deMontesquiou,
qui était aussi à la Consliluanle et voïail avec la droite. M. de
Monîesquiou- ancien menin des enfants de France, ancien
écuyer du comte de Provence, ayant eu la fâcheuse idée de
ne pas se refuser quelques personnalités contre Bergasse en
défendant le projet du comité, s'attira celle foudroyanlc ré-
plique : « Dans notre révolution si misérablement conduite,
je n'ai pas eu besoin, moi, pour devenir libre, de devenir
ingrat, et il ne m'a pas fallu changer de place pour être à la
mienne! » A l'assemblée qui avait brusquement fermé le
débat au moment où l'abbé Maury montait à la tribune, et
refusé, comme M. de Galonné quatre ans avant, de laisser
examiner ses comptes, il reprochait amèrement d'être as-