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LA SAINT-MARTIN.
CHANSON BRESSANE.
La Saint-Martin est une époque mémorable dans nos cam-
pagnes; les travaux des champs sont finis, les semailles achevées,
les bestiaux rentrés à l'étable. L'année rurale est close, et les
compagnons du fermier reçoivent la solde de leurs gages en
changeant de condition ou en renouvelant le louage de leurs
services ; souvent des amours commencées à la veillée prennent
ces jours pour se terminer par un mariage. On conçoit quelle
animation jettent dans la vie des champs et portent jusque dans
la ville cette époque privilégiée, cette possession du pécule de
l'année, cette journée de liberté qui rappelle un peu les saturnales
des serviteurs des anciens... Pour la jouissance des émancipés de
la Saint-Martin, des spectacles s'accumulent dans nos villes, des
marchandises s'étalent sur nos places, des danses s'installent sous
la tente, une grande affiuence couvre les chemins :
Garçon au sarreau bleu,filleà dentelle noire,
On ne voit que des gens qui s'en vont à la foire.
Hélas ! on ne peut leur redire ce que le poète disait de ses
Bretons :
Vous n'avez rien perdu des anciennes coutumes ;
Les pères connaîtraient lesfilsà leurs costumes.
Le rustique habit s'altère de plus en plus, et souvent l'élégant
et riche costume 'des Bressanes est défiguré par les collerettes,
les manches longues et les crinolines des grisettes.
Du moins quelque chose est resté encore, c'est le chant bres-