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NICOLAS BERGASSE. 25 passer dans nos codes, se terminait par un énergique et dou- loureux appel au véritable esprit de 89, déjà débordé par l'es- prit de révolution. « Jamais empire, s'écriait Bergasse, ne s'est trouvé dans un état de dissolution plus déplorable que celui-ci. Tous les rapports sont brisés, toutes les autorités sont méconnues, tous les pouvoirs anéantis; on renverse toutes les institutions avec violence, on commande tous les sacrifices avec audace, on s'affranchit avec impunité de tous les devoirs. Chaque jour éclaire de nouveaux excès, de nouvelles proscrip- tions, de nouvelles vengeances. Les crimes se multiplient de toute part, et la palme de la liberté ne s'élève au milieu de nous que couverte de sang et de pleurs. » Quel triste tableau à opposer aux radieuses espérances du mois de mai précédent! « Je sais , ajoutait prophétiquement l'orateur du tiers-étaf, qu'une grande anarchie produit promptement une grande las- situde , et que le despotisme , qui est un espèce de repos, a presque toujours été le résultat nécessaire d'une grande anar- chie. Il est donc plus important qu'on ne pense de mettre fin aux désordres dont nous gémissons... Les hommes qui se méfient toujours sont nés pour la servitude. Ce n'est que pour les grands caractères que la Providence a fait la liberté. D'ac- cord avec le roi que vous venez de proclamer à si juste titre le restaurateur de la liberté française, rétablissons le calme dans les provinces; que pour l'honneur de l'humanité cette révolution soit paisible, et qu'aucun jour de désolation ne vienne se mêler aux jours qui vont se succéder (1). » Le discours de Bergasse, ajoute le Moniteur, fut vivement applaudi, et l'assemblée en ordonna l'impression. Deux autres écrits importants, le premier sur les rapports à établir entre les trois pouvoirs, le second sur les crimes de haute trahison , prouvent la part active et dominante que le (1) Moniteur du 13 août 1789.