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464 DEUX POÈTES PROVENÇAUX. donner une bien haute idée de l'originalité méridionale, lorsqu'elle se traduit en français. Or, rien de moins vrai. Sans doute, la renaissance de la poésie provençale a commencé il y a une vingtaine d'années par des ouvrages à la portée du populaire. C'est le grand succès obtenu dans ce genre par M. RoumaniUe, qui a déterminé le mouvement d'où est sortie aujourd'hui une véritable littérature. Sous ce rapport M. RoumaniUe a été l'inspirateur de MM. Mistral, Aubanel, Mathieu, Tavan et autres. Encore maintenant, M. RoumaniUe est en Provence à peu près l'unique poète du peuple. Il est tel de ses ouvrages dont cinq mille exemplaires se sont écoulés. Ses élèves, mais non certes ses imitateurs, appar- tiennent à un ordre différent : plus appropriés au goût des lettrés, ils sont trop relevés pour les autres, etM. Aubanel lui-même serait moins connu si son nom n'avait été lu fré- quemment dans l'almanach que publie chaque année M. RoumaniUe. Enfin, parmi les pièces de ce dernier, celles qui sont dans une tonalité moins familière sont non seule- ment moins goûtées, peut-être aussi sont elles moins bonnes. M. RoumaniUe ne s'est pas traduit en français et il sent parfaitement que cela vaut mieux pour lui. Le cercle est plus restreint, mais le succès plus grand. Ceux qui ne comprennent pas le provençal éprouveront le plus vif plaisir à la lecture de la simple traduction de MM. Mistral, Aubanel, Mathieu ; nous n'osons les assurer qu'ils goûte- raient autant M. RoumaniUe, malgré son incontestable talent. C'est à cet écrivain qu'on doit surtout la formation défi- nitive de la langue, dont l'orthographe et les termes depuis longtemps étaient incertains et variables; il a fallu rejeter des formes surannées, en fixer d'autres, faire enfin tout un travail d'épuration et de consolidation. On lui doit la plus vive gratitude de ces services, tout en reconnaissant qu'il avait enfermé la littérature provençale dans des limites un peu étroites, et que peut-être aussi, il lui avait imprimé, no-