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DU PONT DE LA GUIIXOTIÈRE. H7 tilhomme gascon, à qui Charles VII demandait un jour, quel motif pourrait lui faire abandonner son service : « Non pas, Sire, l'offre de trois royaumes tels que le « vôtre, mais oui bien un affront. » Réduit au désespoir, Charles avait médité d'ouvrir les portes du royaume de France aux Espagnols et aux An- glais, et, traître à son pays, marchait contre les Français à la tête des armées ennemies. Son plan de campagne était de s'emparer du cours du Rhône, de s'avancer sur Lyon, ouvert de toutes parts, et, après s'en être rendu maître, de se répandre dans l'intérieur du royaume (I). Les recteurs pour se défendre contre l'année du conné- table, et fermer Lyon du côté de la Guillotière, firent le- ver le pont-îevis établi sur le milieu du Pont du Rhône. Le moyen de défense était faible, et cependant le travail fort simple qu'il exigeait s'exécuta avec une lenteur et des peines infinies. Cinq ouvriers furent occupés pendant neuf nuits pour mener à bonne fin cette opération bien ordinaire en apparence, et reçurent pour leur salaire dix- huit sols tournois (2). Heureusement cette précaution fut inutile, car l'armée du duc de Bourbon ne vint pas jusqu'à Lyon; les enne- mis, arrêtés devant Marseille, avaient été forcés d'en le- ver le siège, et, après de grandes pertes, étaient rentrés en Italie. L'année suivante, le roi, contre l'avis de ses officiers les plus expérimentés, étant sorti de son camp pour atta- quer les Impériaux, perdit la célèbre bataille de Pavie, dans laquelle il restait prisonnier de Charles-Quint. (1) Voyez Histoire de France, par l'abbé Velly. (2) Voyez Histoire du Grand-Hôtel-Dieu, Dagier.