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38                       NOTICE HISTORIQUE

   Ce pieux devoir rempli, notre collègue rentrait au milieu
des siens, plus fort, plus sûr de lui-même pour les guider
et pour les instruire.
   Dans notre ville, dans son intérieur, il rencontrait
d'amples compensations à ses tristesses, et à ses sujets de
découragement. Il avait en partage les sources du bonheur
véritable, une réputation pure et sans tache, la faveur, ou
plutôt le respect général, une vie de famille pleine de ten-
dresse et d'union ; le ciel lui avait accordé plus encore, un fils
digne de lui.
   La gloire dont tant d'autres sont avides, jamais Richard ne
l'avait poursuivie, elle est venue à lui par l'héritier de son
nom, dont il avait formé l'âme, auquel il avait appris à
penser noblement, a ne puiser ses inspirations que dans sa
conscience, à vivre pour la science et les lettres, jouissances,
richesses inattaquables, qu'aucun pouvoir ne saurait nous
enlever.
    Combien son cœur paternel a été payé de ses sacrifices,
de ses peines, le jour où remerciant les collègues de son
fils, nouvellement élu a l'Académie française, il reçut celte
réponse du secrétaire perpétuel, de Villemain : « Les enfants
sont la moisson des pères, l'Académie se félicite de re-
cueillir ce que vous avez semé (1). »
   La joie qu'il ressentît a fait explosion devant vous ; vous
fêtiez le bonheur du père et du fils confondus dans votre
affection et dans votre estime ; pour répondre à vos féli-
citations, de Laprade emprunte ses accents de reconnais-
sasnee au cantique du vieillard Siméon.

   (1) Ce trait est emprunté textuellement au chaleureux discours pronon-
cé sur la tombe du docteur Richard de Laprade par notre collègue à l'A-
cadémie, M. Léopold de Gaillard, le tenant de M. R. de Laprade lui-même,
qui ne le répétait qu'avec une émotion profonde, et le conservait comme
le plus doux souvenir de son dernier voyage dans la capitale