page suivante »
LES VILLEROY. 107 grand-oncle Camille avait illustré. Le duc de Retz (c'était le nom du marquis de Villeroy depuis sa réception au par- lement) avait eu du sort une triste compagne; !a jeune du- chesse étonna bientôt ses contemporains par l'excès de ses scandales. En même temps qu'elle cherchait a entraîner sa belle-sœur , femme du marquis d'Halincourt, dans le plus odieux de tous les guet-apens, ce même d'Halincourt et le duc de Boufflers, son beau-frère, se faisaient momen- tanément exiler de Versailles à la suite d'une scène in- qualifiable dont le récit soulève l'indignation autant que le dégoût. (1). Et cependant où trouver une cour plus tolérante a cet égard que celle du régent? Quant a la duchesse de Boufflers, remariée plus tard au maréchal de Luxembourg, elle aussi s'est acquis, sous son premier nom, une célébrité que ses grâces et son esprit ne sauraient faire oublier. Ainsi la déconsidération s'attachait chaque jour à ceux mêmes que leur position aurait dû rendre plus cir- conspects et plus jaloux d'en maintenir le prestige. Un tel ordre de choses était fatalement condamné a disparaître. Ce n'est pas, Messieurs, qu'il faille méconnaître les services importants que cette haute noblesse a rendus a la France, et qui sont inscrits d'une manière impérissable dans les fastes de notre histoire nationale. Les noms des La Tré- mouille, des Sully, des Turenne et de tant d'autres traver- seront les siècles. Il n'appartiendra ni au temps d'en effacer le souvenir, ni a l'envie d'en rabaisser l'éclat. Mais nous devons constater en même temps qu'à cette époque de doute et d'affaissement, cette aristocratie oublia trop sou- vent ses devoirs, et, comme elle avait perdu le sentiment (1) Journal de Barbier, première série, p. 227 et 228. Journal de Marais, Revue rétrospective, t. VIII, 2 e série, p. 221, 22?. Correspon- dance de Madame, duchesse d'Orléans, lettre du 6 août 1722.