page suivante »
92 LES VILLEROY. il ne pouvait faire un meilleur choix, Villeroy tourna ses vues du côté de la cour, où son mérite personnel, ses gran- des alliances, ses campagnes déj'a nombreuses lui assuraient une position distinguée. L'année 1646 lui fut doublement propice, car elle lui apporta presque simultanément la charge de gouverneur de Louis XIV et le bâton de maréchal de France. Le jeune roi conserva (oujours un excellent souve- nir des soins qui avaient présidé à son éducation, et l'un des premiers actes de sa majorité fut de ratifier une promesse d'Anne d'Autriche, en élevant le marquisat de Villeroy au rang deduché-pairie(septembrel651) (1). 11 n'y avait pas de faveur plus ardemment convoitée , puisqulelle constituait à la fois des droits politiques et des honneurs de tout genre. Avant d'en être définitivement revêtu (1663), le maréchal de Vil- leroy était déjà depuis deux ans chef du conseil des finan- ces ; il était aussi chevalier du Saint-Esprit. Son fils avait épousé une Cossé-Brissac; sa seconde fille, dont madame de Lafayette vante l'irrésistible beauté, élait mariée au comte d'Armagnac, et réalisait ainsi l'alliance de sa maison avec celle de Lorraine. Voilà une carrière brillante et propre à satisfaire les désirs les plus ambitieux ! Le maréchal de Villeroy était un de ces hommes qui sa- vent louvoyer avec le vent contraire. Il trouva moyen de se maintenir sous Mazarin qui ne lui resta pas longtemps favora- ble. Saint-Simon, dont les expreasions ont parfois une ru- desse sauvage, le traite quelque part de grand routier de cour. Il est vrai que l'adulation ne coûtait rien au maréchal, si nous en jugeons par un mot de lui que le même auteur nous a conservé (2), et dont la crudité semble convenir au (1) Les lettres patentes qui concernaient cette érection, turent enregis- trées seulement en 1663 ; ce ne fut donc qu'à partir de cette époque que les Neufville furent investis de cette dignité héréditaire. (2) Saint-Simon, édition Chéruel, t. iv, p. 286.