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                  DEUX POÈTES PROVENÇAUX.        .        468

tamment, une 1848, la tendance à do certaines affinités, un
peu exclusives. On eût regretté de voir cette littérature
devenir un instrument plutôt qu'un but. On supposait,
à tort sans doute, que les applaudissements prodigués
par MM. de Falloux et Armand de Pontmartin eussent été
beaucoup moins chaleureux s'ils n'avaient eu pour objet
que le mérite littéraire de la nouvelle école, quelque grand
qu'il pût être d'ailleurs.
    Les travaux de MM. Mistral, Àubanel et autres, ont
 complètement ôté à cette école le caractère que l'on eût
 craint de voir se développer. Ils font de la poésie pour la
 poésie, la poésie sans préoccupations étrangères de caste
 et de coterie, la poésie qui n'est l'écho que d'elle-même.
     Nous tenons surtout à faire connaître aujourd'hui
 MM. Mathieu et Aubanel, car tout a été dit déjà sur
 M. Mistral, et sa valeur est maintenant incontestée.
     Le livre de M. Mathieu s'appelle la Farandole : un nom
 de Provence. C'est celui d'une danse folle; jeunes gens et
 jeunes filles, se tenant chacun par l'extrémité d'un mou-
 choir, courent aux jours de fêtes dans les rues des villages ;
  le long serpent enroule et déroule tour à tour ses anneaux
  qui se croisent et s'enmêlent suivant certains rhythmes.
  Chacun passe et repasse incliné sous le bras élevé de son
  voisin ou de sa voisine, et les rires et les cris de joie s'é-
  chappent comme d'une volée de passereaux. C'est où le
  soleil est plus chaud encore, dans cette partie dont Arles
  est la reine ruinée et toujours orgueilleuse, que la Faran-
   dole prend un mouvement plus étourdissant; là, quand
   deux danseurs commencent par hasard, jeunes et vieux
   tout est entraîné dans le branle; c'est pour eux qu'a été
   inventée la légende de ces danseurs forcenés, possédés du
   diable, qui dansèrent sans cesse ni repos, sans pouvoir s'ar-
   rêter jamais : tant que leurs jambes étaient usées jusqu'aux
   genoux qu'ils dansaient encore.
    Bien nommé le livre de notre auteur. Il sent son terroir ;
 il a poussé en plein soleil, parmi les cailloux et les pier-
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