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      POÉSIE, AMOUR ET MALICE.

                        DEUXIÈME PARTIE.




                             AMOUR.


   Nous sommes tous plus ou moins poètes à dix-huit ans; et si la
poésie d'un grand nombre ne déborde pas en rimes cadencées,
elle couronne leurs illusions, berce leurs espérances, et donne
à tous leurs projets quelque chose d'éthéré et de brillant que le
souffle de l'expérience ne ternit point encore, et que ne dé-
senchante pas la brutale réalité.
   Or, la poésie mène droit à l'amour, et mon jeune cœur ne
demandait pas mieux que de s'ouvrir à ce sentiment si naïf, si
doux à son origine, quand la timidité, barrière que la nature
mit entre le mal et nous, le maintient dans sa céleste pureté.
   Mais je cherchais en vain une dame de mes pensées sur le
théâtre du monde, qui me semblait d'un réalisme trop vulgaire
pour pouvoir l'y découvrir, et c'est sur le Grand-Théâtre de
Lyon que je trouvai, à la clarté du lustre, embellie de mille
séductions, la charmante créature qui obtint mon choix et fixa
mes vœux irrésolus ;
    La troupe qui l'exploitait alors était composée presque en entier
 d'artistes distingués fort aimés du public, et les vieillards lyon-
nais se souviennent encore sans doute des vives jouissances
qu'elle procura à leur jeunesse.
    C'était, parmi les hommes : MM. Boucher, Revel, Bied, Labit,
 Saint-Victor, et, parmi les femmes : Slesd. Lemesle, Folleville,
 Hébert, etc. Laine, superbe acteur lui-même, en devint le direc-
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