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                        BOSONNET
              L'ARTISTE POTIER, DE BOURG.


   Il y a quelques jours à peine, nous étions reçu, avec une char-
mante cordialité , par l'habile artiste dont le nom est en tète de
ces pages, et séduit par son accueil affectueux autant que par son
talent hors ligne, nous nous étions promis de lui consacrer un
article dans la Revue. Toute la difficulté consistait à discourir en
termes convenables d'une science et d'un art dont nous ne savons
pas le premier mot. Mais voilà que le Courrier de Lyon vient à
notre aide ; il parle de Bosonnet en voyageur qui , lui aussi, a
vu. Nous nous empressons de lui emprunter ces lignes qui don-
neront certainement à nos lecteurs le désir de connaître person-
nellement l'éminent personnage qui en est l'objet.           A.V.
   « Le petit volume que M. Joséphin Soulary vient de publier
porte le titre de Figulines, un mignon diminutif d'Amphores.
   Ce titre, emprunté, si je ne me trompe, à la technologie cé-
ramique de Bernard de Palissy, me rappelle un artiste-potier, ou
un potier-artiste, comme on voudra, déjà bien connu , mais qui
certes mérite tous les honneurs de la popularité.
   A l'époque où Dumollard était enfermé à Bourg, surtout pen-
dant la semaine qui fut consacrée au procès de ce trop fameux
criminel, les étrangers affluèrent au chef-lieu du département
de l'Ain.
    Or, que faire à Bourg...., à moins qu'on ne visite Brou ? Les
voyageurs donnaient à ce monument , si habilement restauré,
une bonne partie de leur journée. Un cicérone, vêtu d'un sarreau
bleu, coiffé d'une calotte noire, et tenant à la main un roseau
long de deux mètres, leur expliquait, ou du moins prétendait leur
 expliquer les merveilles sculpturales de cette admirable église.
Puis, on reprenait la large et belle route qui vient de la forêt de
Seillon ; mais, en retournant à Bourg, il n'était personne qui
n'admirât d'élégantes poteries, vrais chefs-d'œuvre de cérami-
 que, étalés sans prétention aucune, et pour ainsi dire par hasard,
 sur les fenêtres d'une maison de modeste apparence.
    C'est là que demeure Bosonnet. Plus d'un grand personnage,
 plus d'un littérateur célèbre , plus d'un artiste illustre est allé
 frapper à la porte du potier. Avec une exquise urbanité, avec une
 grâce charmante, Bosonnet introduit ses visiteurs dans son
 atelier. En leur présence, il pétrit l'argile et lui donne cette
 forme délicate qui fait du pot de terre une véritable œuvre d'art.
    Cet artiste potier a lu une bonne partie de l'histoire ancienne
 dans des tessons terreux , sous la poussière des années. Son ta-
 lent a été une initiation. Donnez-lui un fragment informe et
 boueux d'un vase étrusque, d'une poterie carthaginoise; d'un
 coup d'Å“il il saisira l'ensemble des formes, leur galbe, leur mo-