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376 LE CHATEAD DE CARILLAN. heures de distraction. Je les prolongeais le plus possible et les trouvais plus douces en compagnie de quelques jeunes fous, empressés comme moi de gaspiller le temps si cher de la jeunesse. Le cercle et le théâtre absorbaient la plus grande partie de nos instants ; hors de là , il n'était même occupa- tion assez futile, dissipation assez folle, pour nous donner à réfléchir avant de nous y jeter avec tout l'entraînement de jeunes fils de famille récemment émancipés. Nous n'étions pourtant pas tous dans cette condition ; nous n'avions pas tous l'excuse de notre extrême jeunesse. L'un de ceux, par exemple, qui formaient ma société habituelle, était un homme de près de quarante ans. Une aventure sin- gulière, par la bonne foi que j'y apportai, servira à te peindre et le caractère de lord Naughty et celui de la plu- pari de mes amis. Au sujet d'un incident des plus futiles, auprès d'une table de jeu, je crois, une querelle s'éleva entre lord Naughty et moi ; il s'en suivit de sa part une provo- cation. Pour le coup, mes amis s'effrayèrent, et chacun me sup- plia de me dégager. Je restai inébranlable et, bien que je crusse que ma mort pouvait être la seule issue de la rencon- tre, j'acceptai les conséquences du duel... jusqu'au déjeûner. Tel fui en effet lê résultat des intentions sanguinaires de lord Naughty. Il m'assura même qu'il n'avait jamais pensé avoir avec moi qu'une rencontre toute pacifique. — Je serais désolé, me dit-il, en effet, de tordre le cou à an petit coq qui chante déjà si fort que vous. D'autre part, le plus maladroit peut tuer un homme. Cela s'est vu et je ne suis point curieux d'en faire l'expérience à mes dépens. Je comptais donc tout simplement déjeûner avec vous et vos amis que je trouve fort aimables. Si, vous douiez de la pureté de mes intentions, demandez à Fowlleg depuis quand le repas est commandé. Maintenant, ne vous étonnez pas