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                     LE CHATEAU DE CAUILLAN.                   373

  que je juge seule digne de moi, et par conséquent de t'être
  racontée en détail.
      Bon nombre des circonstances de cette histoire se lient si
  intimement avec celle d'ua autre, et lu la trouveras si atta-
  chante par suite de l'intérêt que tu portes à ma famille, que
  ce récit est moins celui de mon existence propre que le ré-
  sumé d'incidents d'un haut intérêt pour tous les miens, sorte
  d'étude à deux faces, de roman à deux intrigues, dont je fais
  l'essai pour que tu penses à nous et que surtout lu nous
  imites.
     Commençons maintenant par le commencement.
      Tu sais que mon père est à la tête d'une importante fila-
  ture, à la direction de laquelle j'ai été destiné au moins dès ma
  naissance. Pour me mettre à la hauteur de ce mandat, dont
  l'exécution devait, dans la pensée de mon père, remplir
  toute ma vie, certaines éludes professionnelles étaient indis-
  pensables, et je ne pouvais réussir dans la carrière sans la
  connaissance approfondie des procédés de fabrication et de
  commerce des Anglais, nos maîtres en celte matière.
      Je fus donc adressé, il y a cinq ans, par mon père, à l'un
  de ses correspondants, en Angleterre.
      J'avais vingl ans, j'ignorais ce que c'est que la vie; quel
  est son but, et le moyen de le bien remplir. Enivré de ma
  nouvelle indépendance, je n'aspirais qu'à m'affranchir de la
  discipline du collège, dont je quittais les bancs. Je laissais à
  l'usage du monde le soin de m'apprendre à vivre ; je me
  confiais en celte pratique servile et inintelligente, qu'on ap-
  pelle la routine, pour m'enseigner les secrets de l'art qu'on
, m'envoyait étudier.
     Doué d'assez d'intelligence et de facilité naturelle pour sa-
  tisfaire mon bienveillant patron, j'étais complètement livré
  à moi-même.
     J'attendais avec impatience, après mon facile travail, lès