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                        SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE.               267

   On ne peut qu'applaudir au sentiment national et littéraire
qui sauve de l'oubli les rares productions écrites dans la
langue des anciens troubadours.
   M. Jules Rambaud a lu à la Société quatre pièces de vers:
Le Matin à la campagne; une Promenade sur la Saône ;
le Bonheur ; la Violette.
   Le Matin à la campagne est une rêverie poétique; l'aurore
vient de paraître ; la lumière a dissipé les ténèbres ; la na-
ture apparaît plus éclatante en sortant du repos; telle l'âme
humaine sortira plus radieuse du sein de la mort. Le son de
la cloche salue la Reine des deux ; le ramage des oiseaux
célèbre le retour de la lumière ; les passants vont gaiement
reprendre leurs travaux. Le poète peint le ravissement de
l'âme au spectacle de la magnificence de l'univers, naguère
enveloppé d'ombres mystérieuses.
        O mon Dieu ! quel tableau vous avez au soleil
        Exposé, pour frapper ma pauvre âme ravie
        Qui. tout à coup, jetant le voile qui l'endort,
        Voit s'étaler, partout, l'appareil de la vie
        Auprès du sommeil même, image de la mort !


   Une promenade sur la Saône fournit, à M. Rambaud, la
matière de près de deux cents vers et le sujet de fraîches
inspirations. Les souvenirs de celte joyeuse partie de plaisir
s'adressent à un ami d'enfance:
        Te souviens-tu de ces charmantes heures
        Où joyeux vagabonds, bien loin de nos demeures,
        Le cœur léger, mais plein d'ineffables désirs,
        Au fleuve demandant le plus doux des plaisirs,
        Nous allions saluer les flots et le rivage
        De cet enthousiasme heureux don du jeune âge ?

  Le lever des jeunes amis avant l'aube, l'entrée dans les
barques, les chants, le débarquement sur une île où chacun.