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266                     SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE.
        Qui dort sous cette croix? Quelque puissant peut-être,
                  Sous qui tout a plié !
        Depuis, ses serviteurs ont pris un autre maître....
                  Ses fils l'ont oublié !
        Des biens qu'il possédait ce marbre seul lui reste
                  Que ravage le temps ;
        Sa splendeur,      l'épigraphe encore nous l'atteste,
                  Mais demain       dans vingt ans?

   M. Bousquet, de Marseille, membre correspondant, a fait
hommage à la Société d'un volume d'épitaphes eu vers pro-
vençaux , recueillies par lui au concours ouvert pour l'épi—
taphe de Pierre Bellot, poète provençal, mort à l'âge de 73
ans, après avoir joui d'une grande popularité pendant 40 ans.
113 pièces, envoyées par 91 poètes, offrent un spécimen cu-
rieux de la poésie provençale.
   La suivante a paru rappeler le mieux; en huit vers, l'écri-
vain, ses goûts, ses productions, ses malheurs, sa mort, sa
tombe, les souvenirs qu'il laisse.
        Vaqui doun ô Bellot, cher pouéto cassairé,
        Lou posto ounte la mouart t'a coucha de soun dai ;
        Jusqu'au damier moumen, sies esta galéjaire,
        Et pamen, dei malhurs n'as proun porta toun fai !
        Bouen chrestian, senso feou, franc et galan troubairé,
        Tour noum et tei beoux vers duraran cen cooup mai
        Que l'umblé mounumen que venen de ti faire ;
        Lou frejau périro,... ta mémori jamai.

  Traduction mot par mot:
       Voilà donc ô Bellot, cher poète chasseur,
       Le poste où la mort t'a couché avec sa faux,
       Jusqu'au dernier moment, tu fus un aimable jaseur,
       Et pourtant, des malheurs tu portas bien ton fardeau!
       Bon chrétien, sans fiel, franc et galant trouvère,
       Ton nom et tes beaux vers dureront cent fois plus
       Que l'humble monument que nous venons de t'élever ;
       La froide pierre périra     ta mémoire jamais.