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ARMANA PROUVSNCAU PER LOU BEL AN DE DIEU 1862. En Àvignoun, enco de Roumanille, libraire-éditour. (A Lyon, chez MÉRA, rue Impériale, 15). La gaieté française, fille légitime delagoguenarderie gauloise, tend tous les jours de plus en plus à disparaître devant la morgue et la raideur britanniques, terribles envahissseurs qui auront bientôt courbé tout le pays sous leurs lois. Cette dépos- session du caractère national rappelle par plus d'un point l'a- néantissement progressif des peuplades indiennes, jadis maî- tresses du vaste continent américain et chassées, pied à pied, de leurs lacs et de leurs forêts par les trappeurs au sang saxon. Refoulées dans des montagnes escarpées où elles finiront par périr de misère avant un petit nombre de générations, ces pau- vres tribus n'existent plus que pour la forme, et le voyageur curieux de visiter ce qui reste de grands empires et de guerriers fameux, ne trouve plus que de misérables rôdeurs de frontières écumant le désert loin des riches contrées où leurs ancêtres régnaient en rois. La vive gaieté, la raillerie piquante, la joyeuse et franche bonne humeur ont, un beau jour, déserté la côte de l'Océan dont prenait possession le flegme anglais. Chas- sées de Paris où leur ennemi envahissait la société, poursuivies de province en province, elles ont aujourd'hui pour refuge les contrées méridionales de la France, et c'est là , mais là seulement et pour peu de temps peut-être, qu'au son du tambourin , aux cris de la farandole, on peut trouver encore, au milieu des po-