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 98                           LES VILLEROY.

 fâcheuse célébrité. Chacun sait le malheur obstiné qui le pour-
 suivit pendant la guerre de la succession d'Espagne. L'Italie,
 où il fut appelé a remplacer Catinat, ne servit pas longtemps
 de théâtre a ses exploits ; le pauvre maréchal fut bientôt pris
dans Crémone, où les Impériaux parvinrent à s'introduire au
moyen d'un aqueduc abandonné. Villeroy fut, en cette occa-
sion, plus à plaindre qu'à blâmer; mais quatre ans après ,
dans la campagne de Flandres, il eut des torts impardonna-
bles , et se croyant sûr de la victoire, voulant être le seul
à en retirer les fruits, il désobéit aux instructions précises
qui lui recommandaient de ne point livrer de bataille avant
d'avoir opéré sa jonction avec Marsin. La défaite de Ramil-
lies, qui entraîna la perte des Pays-Bas espagnols, fut le
juste châtiment de tant de présomption. La douleur des
siens fut immense. En vain cherchait-on a consoler la ma-
réchale en lui faisant observer que son mari et son fils
étaient sains et saufs. « C'est assez pour moi, répondit-elle,
mais ce n'est pas assez pour eux. »
   Cependant Louis XIV était encore disposé a l'indul-
 gence. Si l'opinion publique demandait a grands cris la
 nomination d'un autre général, le roi était désireux de
 ménager l'amour-propre de son ami. Mais en cette oc-
 casion, Villeroy se montra inférieur a sa réputation d'ha-
bile courtisan; il refusa la démission qu'on lui demandait
 avec des formes obligeantes et polies. Cette fois Louis XIV
perdit patience ; l'heure de la disgrâce était sonnée.
Le maréchal, abandonné par son maître, brouillé avec
Chamillart, ministre tout puissant, se vit même refuser
la permission de se retirer dans son gouvernement du
Lyonnais. Il passa cinq années dans la retraite , a Paris ou
au château de Villeroy (1), ne faisant 'a Versailles et a Fon-

  (1) La position de ce château, intermédiaire entre Versailles et Fontai-
nebleau, était précieuse pour ses maîtres. C'était une station quand la