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LES VILLEROY. 93 temps d'Aristophane beaucoup plus qu'a celui des Précieu- ses. Du reste, pour avoir exprimé de la sorte les principes d'un courtisan , le, maréchal de Villeroy n'en savait pas moins allier à la complaisance et à la souplesse ces grandes manières dont son royal élève a toujours donné le modèle, et le même Saint-Simon, considérant l'éclat de son rang et de sa magnificence, a dit de lui qu'il fut a proprement parler le dernier seigneur de son siècle. Si le maréchal de Villeroy se montrait rarement a Lyon, son frère Camille, a la fois archevêque et lieutenant du roi, ne quittait son diocèse que pour aller prendre les ordres de Louis XIV et lui soumettre les affaires les plus importantes de l'administration. Quoique né a Rome pendant l'ambassade de son père, Camille mérita plus que tout autre le titre de Lyonnais. Il aimait notre ville, il aimait surtout les rives char- mantes de la Saône, et cherchait sous leurs ombrages le repos que ses doubles fonctions lui rendaient parfois nécessaire. Il s'attacha de bonne heure aux sites gracieux qui avoisinaient le petit bourg de Vimy dans le Franc-Lyonnais, et dès 1630 il acheta la terre et le château d'Ombreval. L'année suivante, il y adjoignit la baronnie de Montaney, et par une série d'ac- quisitions, il forma un domaine qui, vers la fin de 1683, lui coûtait déjà 460,749 livres, somme très-considérable pour cette époque. En 1666, des lettres patentes érigèrent ce fief en marquisat, sous le nom de Neufville qu'il a conservé. C'était dans ce château que l'archevêque se plaisait a exer- cer une large hospitalité envers les seigneurs du voisinage. Son salon était ouvert a tous les hommes instruits; Camille était digne de les présider. Sa riche bibliothèque qui, mal- gré les dilapidations des temps révolutionnaires, existe en- core en grande partie, est un gage précieux de son amour pour la science. Vous savez, Messieurs, qu'il l'avait léguée au collège des Jésuites ; c'est donc a juste titre que le buste de