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SUR RICHARD DE LAPRADE. 31 Lordat, dans ses Conseils sur la manière d'étudier la physiologie de l'homme, commente cette phrase de La- bruyère : « Si certains hommes ne vont pas dans le bien jusqu'où ils pourraient aller, c'est par le vice de leur première instruction. » Quelque juste que soit cette maxime en morale, elle l'est peut-être encore plus dans les sciences ; des premières idées dépendent les progrès qu'on y peut faire ; elle y est surtout d'une application plus générale et ne regarde pas seulement certains hommes, parce que le génie qui, dans ce cas, peut tenir lieu de la première instruction ou même la corriger, est beaucoup plus rare que la conscience, qui peut y suppléer dans l'autre. La variété, la maturité de ses connaissances avaient conquis, assuré à de Laprade une position considérable dans nos assemblées. Mais, ce qui fait l'autorité de la pa- role, a dit un auteur célèbre, c'est la sincérité du caractère. Cette qualité, Messieurs, a été le cachet distinctif de notre collègue, qui plaçait la vertu avant la science, les actions honnêtes avant les belles paroles. Il appartenait a cette race d'hommes dont il est plus facile de médire que de suivre ou d'imiter les exemples, et dont il est glorieux, même pour ceux qui n'ont pas partagé leurs doctrines, de conserver le souvenir. Lorsque la révolution de juillet 1830 change l'ordre politique en France, Richard, attaché de cœur à la Restau- ration, et qui n'est pas de ceux qui se sont engagés a demi, reste fidèle h ses affections et à ses principes, qui ne font qu'un. Pour lui, la légitimité ne se résume pas dans l'avantage d'une famille et les privilèges de quelques-uns : s'il ne croit pas au droit divin, il croit a la nécessité de la dynastie comme sauvegarde de la prospérité et du repos national.