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30 NOTICE HISTORIQUE qui le portaità voir, à décider, a conclure avec un à propos, une convenance parfaite. Si les lettres n'ont pas été cultivées par lui comme une carrière, il s'y est livré pour atteindre leur double bul : agrandir et charmer l'intelligence. Entré a fond dans la litté- rature latine, il avait puisé largement aux sources fécondes de l'antiquité; les poésies d'Horace, de Virgile, de Lucrèce et de Juvénal lui étaient familières, il les savait par cœur, les récitait avec enthousiasme. Lorsqu'un ministre , dans son désir d'innover, ne crai- gnant pas d'abaisser le niveau des études (1), voulut sup- primer le baccalauréat ès-letlres pour les médecins, vous entendîtes, Messieurs, la voix d'Àmédée Bonnet protester contre cette mesure dans son mémoire concernant l'In- fluence des lettres et des sciences sur l'éducation. Il ne pouvait mieux faire, et en temps plus opportun, que de répéter ce qui avait été dit par de Laprade sur l'étude des lettres, indispensable à celle des sciences, parce que seule elle est apte à donner aux facultés morales tous les développements dont elles sont susceptibles (2). Cette vérité fondamentale n'a-t-elle pas été exprimée à toutes les époques, par tous nos grands maîtres ?... Hippo- crate qui, pour se former à l'éloquence, avait pris des leçons de Gorgias, le plus fameux rhéteur de la Grèce, prescrit d'apprendre la littérature avant les sciences naturelles, le médecin devant être également médecin et philosophe. (1) Voir le rapport de M. Fortoul, ministre de l'instruction publique, et le décret sur la bifurcation des éludes, divisées en classes des belles-lettres et classes des sciences. L'expérience a fait heureusement modifier ce qu'il y avait de trop absolu dans ce système d'organisation. (2) Voir 1° (e discours sur l'institution du médecin suivant Hippocrate- 2° Le compte rendu des travaux de l'Académie royale des sciences, belles- lettres et arts de Lyon, par le docteur Richard de Laprade, président (année 1823.)