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Ô20             DISCOURS UE M. L'ABBÉ KOIROT.

qu'elle ressent d'invoquer des lumières de la pensée, de re-
monter aux principes, d'interroger la saine raison; et si elle
n'est pas toujours fidèle à leurs décisions, toujours du moins
elle a la prétention de les prendre pour guides, et de s'ap-
puyer sur leur autorité.
   Laissons quelques esprits prévenus et chagrins s'affliger
de voir la science s'épancher ainsi en bienfaits inépuisables
pour l'humanité,et se créer, chaque jour, de nouveaux droits
a notre admiration et a notre reconnaissance. Pour nous,
rendons hautement hommage à cette nouvelle et heureuse
direction des esprits. Elle marquera l'une des phases les plus
importantes dans les progrès de la civilisation moderne, car
elle atteste un sentiment aussi vif qu'éclairé de la dignité
humaine, et la conviction profonde où est l'homme, instruit
par le christianisme, que la Providence en lui laissant le soin
d'embellir et de féconder le monde qu'elle a créé, a voulu
l'associer a ses desseins et lui laisser une large part dans
l'œuvre de son perfectionnement et dans l'accomplissement
terrestre de ses destinées.
   Mettons sur la même ligne l'homme qui voudrait clore
l'époque des découvertes, arrêter la marche de l'esprit, et
celui qui déplore, à l'égal d'une dérogation et d'un abaisse-
ment de la pensée, son concours dans la "ireclion des choses
de, ce monde; comme si la vérité, et toute vérité, n'était
pas donnée à l'homme pour passer incessamment de son
esprit dans tous les actes de sa vie.
   Sans doute, et cet aveu ne nous coûte rien, la prétention
audacieuse, mais noble, mais généreuse, de ne marcher qu'a
la lumière de la science, a ses périls, même dans les choses
qui ne sont que de son ressort. Gardons-nous, cependant,
d'accuser de nos erreurs les progrès de notre intelligence ;
mais redoublons bien plutôt d'efforts pour lui donner plus
d'étendue et de sûreté. S'il est un moyen de rendre les lu-
mières innocentes, c'est de les vulgariser, c'est de les mettre
partout aux prises avec les difficultés de la pratique; car ces
difficultés sont le creuset où elles s'épurent, où elles prennent,
en se retrempant, cet éclat et cette force qui assurent leurs
succès, mieux que ne pourraient le faire ni les recherches
des savants, ni les méditations des philosophes.
   Ausssi, est-ce dans le but d'affermir cette marche des in-
telligences, dans la vue d'étendre et de consolider cette
alliance, qui doit être si féconde, entre les hommes de théorie
et les hommes d'action, entre l'esprit qui conçoit et la main