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200 PLATON ET SAINT AUGUSTIN.
Mais, quels que soient les mérites de la traduction, nous n'y
insisterons pas davantage pour donner toute notre attention Ã
l'introduction où M. Saisset, avec une science, une hauteur et
une fermeté de vues remarquables, a traité la question fonda-
mentale de l'accord de Platon et de saint Augustin ou de la phi-
losophie spiritualiste et du Christianisme. On ne peut, Ã ce qu'il
me semble, mettre en une plus grande évidence le Platonisme
de saint Augustin ni déterminer, en une plus juste mesure, l'in-
fluence qu'il a exercée sur le développement de ses idées et sur
le fait capital de sa vie, sa conversion au christianisme.
En vérité je plains le P. Baltus. Quelle peine inutile ne s'est-il
pas donnée pour laver les Saints Pères, et saint Augustin lui-
même, du reproche d'avoir emprunté quelque chose à Platon (1)!
Si le Platonisme dans un Père de l'église est une erreur et une
tache, comme il paraît le croire, il faut convenir que saint Au-
gustin est un grand coupable ; après l'introduction de M. Saisset,
il n'est plus permis à personne d'en douter. Il ne restera plus
qu'à faire valoir en sa faveur des circonstances, atténuantes,
comme un autre Jésuite, le P. Dutertre, qui rejette la faute sur le
temps où vivait saint Augustin : « C'était, dit-il, un temps dans
lequel la philosophie était autant à la mode qu'elle eût jamais
été où les noms de sagesse, de vérité, de philosophie étaient
si fort à la mode et en tel respect qu'on ne concevait guères la
religion chrétienne, elle-même, que sous l'idée de la vraie sa-
gesse, d'une parfaite philosophie dont les sectateurs seuls pou-
vaient rencontrer la vérité (2) etc. » On sait qu'en général les
Jésuites ont été fort peu amis de la philosophie idéaliste , de
Platon et de saint Augustin lui-même. J'aime mieux la franchise
et la hardiesse du fameux P. Hardouin qui, dans ses Athei detecli,
au lieu de travailler à dissimuler ou à atténuer le Platonisme de
saint Augustin, a imaginé de s'en prévaloir pour ébranler son
autorité dans l'église.
(1) Défense des SS. Pères accusés de platonisme, in-4. Paris, l t l l .
(2) Réfutation d'un nouveau système de métaphysique du P- Malebranchc,
3 vol. in-12, liv. », chap. 8