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140                 LA GAZZETTË FRANÇOISE.
   « Il ne s'amusa comme les autres enfants, mais s'appliqua dès
son bas âge aux exercices de la guerre... (suivent des détails un
peu trop à la manière flammande pour être donnés au lecteur).
Nous nous contenterons de dire qu'il avait le nez aquilin fait en
manche de rasoir.
   Poignant donc, ayant consulté l'oracle, suivant l'usage des
anciens, et ayant obtenu de lui une réponse qu'il crut favora-
ble, se prépara à la guerre.
   « Par malheur, le bon seigneur estoit aucunement subject
aux importunes tranchées d'une certaine maladie qui est à
craindre et à fuir plus que n'est la peste... (surtout un jour
de combat). Cette malicieuse infirmité depuis quelques années
(c'est grand dommage) affligeoit son corps et atlristoit son
âme. »
   Nonobstant ce léger inconvénient, Poignant avait seul été
jugé digne de commander en chef, il fut appelé à choisir les
officiers qui dévoient Être sous ses ordres.
   Rien de plus mirifieque que ces portraits dont malheureuse-
ment on a perdu la clé. Poignant nomma donc comme lieutenant
« l'ingénieux et plus qu'hasardeux petit Roch, un vray Guillaume
sans peur, qui ne craint rien que les dangers, dangereux quel-
que part qu'il soit, comme un qui pro quo d'apoticaire et un
cœtera de notaire. Au demeurant honneste fds, beau fils, bon fils,
yssu de bon père et de bonne mère, de bonne terre et de bon
plan ; non moins que ses prédécesseurs bragardissime, (très-pim-
pant) engorgevin et briffeur excellentissime, qui aux escarmou-
ches de la table tout autre cavalier deffie. Entre plusieurs belles
propriétez, il a ceste-cy pour recommandée qu'en quelque ban-
quet qui se face, il s'y trouve toujours des premiers, bien qu'on
oublie à le prier, ne se souciant pas qui paye... Tiltré, gradé,
qualifié de grand escuyer des mules aux talons, admirai des clai-
res roupies et général des morfondus, dont les yeux à la mode
vénitienne sont bordés de fine escarlatte, et comme les douces
avettes (abeilles) produisent la cire et le miel.
   « Pour son sergent mangeur ou majeur, pour ne m'èquivo-
quer la mala goula, autrement dict le capitaine Riflmdouille, ei