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•U4 M JULES JAN1N. de Saint-Victor, et cependant son style est plus jeune, plus souple, plus facile et plus accort que celui du premier d'entre vous. Otez-lui ces nuages de son ciel, que les astres soient cléments, les auspices favorables, que l'esprit de MM. les au- teurs dramatiques ait fait relâche, qu'il n'y ait pas de deuil parmi les artistes ses frères, entendez-le chanter d'un cœur joyeux sa fantaisie dans son grand journal, vous diriez d'un rossignol sur un cèdre. Certes ce n'est pas lui qui viendrait dire comme Lacretelle a notre morne jeunesse : Donnez-moi vos vingt ans, si vous n'en faites rien. Les vingt ans, mais il les a ou c'est tout comme ; n'a-t-H pas les heureux dons du bel âge, la grâce, la fraîcheur, l'œil vif, le pied léger et alerte, la joue fraîche et rosée? N'a t-il pas comme à vingt ans le cœur facile à l'enthousiasme et a la foi, a l'admiration, l'indignation violente et sans mé uagement pour la lâcheté et le crime? Allez, les maîtres dans l'art dramatique, vous, l'habile a inspirer la terreur et la pi- tié, vous homme rare (rara avis) qui aurez reçu du maître les leçons de la bonne comédie, vous ne trouverez pas dans ce critique un cœur sec, un cœur blasé ; il admirera, il applaudira de tout son cœur et de toute son âme en leurs beaux moments et la tragédie et la tragédienne, et la co médie et la comédienne; il versera de vraies larmes et sur tout il rira d'un bon, large et franc rire comme les person nages gaillards de Molière, les Dorine et les Marton. de ce rire de l'homme bien portant, gras, frais, dodu qui prend la vie comme elle vient. Et ma foi, elle lui vient presque tou jours si bien, à cet heureux, qu'il prétend que la santé est une des conditions du génie, oubliant ces illustres malades le Dante, Tasse, Rousseau. Voltaire. Lamennais et que sur le sommet du Parnasse (style du premier empire). on ne voit que des visages pâles : les mines rubicondes des Rabe- lais sont un peu au-dessous.