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LETTRE AU SUJET DES ARMES DE LA VILLE DE LYON. MONSIEUR, Je lis dans votre numéro de novembre un article de M. Mo- rel de Voleine qui m'intéresse fort, mais qui me semble devoir soulever plus d'une objection. Je ne suis pas ici en mesure de contrôler les faits, car je n'ai sous la main ni mes livres ni mes actes ; toutefois il y a deux inexactitudes que je vous prie de signaler à l'auteur. La première est relative à la prétendue cession de la ville de Lyon au roi Conrad, comme dot de sa femme Mathilde. Je sais que cette manière de voir a été soutenue par plusieurs auteurs ; mais elle n'est plus de mise aujourd'hui, après la publication, dans l'un des premiers numéros de la Bévue , du savant tra- vail de M. de Gingias sur la Souveraineté du Lyonnais, tra- vail corroboré par la publication des cartulaires de Savigny et d'Ainay, où on voit que les rois de Bourgogne possédèrent le comté de Lvon longtemps avant le mariage de Conrad avec Ma- thilde. La seconde inexactitude concerne l'archevêque Renaud I er , que M. Morel de Voleine dit avoir été comte de Forez en 1193, circonstance à laquelle il attribue l'apaisement des guerres qui avaient eu lieu jusque-là entre les archevêques et les comtes. Renaud, cadet de famille, n'a jamais été comte de Forez ; il eut seulement la tutelle de son neveu le comte Guy IV, dans les pre- mières années du XIIIe siècle. PuisqueJ'ai tant fait que de prendre la plume pour si peu de chose, permettez-moi d'ajouter encore un mot au sujet d'un fait qui m'a frappé comme M. Morel de Voleine , il y a long- temps. M. Morel se demande, à propos de la médaille romaine où figure un lion, quel rapport il pourrait y avoir entre cet animal rt le nom latin de la ville, Lugdunum. Peut-être ce nom avait-il déjà , dans la bouche du peuple, subi l'altération de pro- nonciation qui lui donne de nos jours une si grande analogie avec celui de l'animal. En effet, le radical de Lugdunum est Lugdun, d'où par contraction on a fait Luun (d'où Lyon). Or, il n'y a pas grande différence de prononciation enlre Luun et Léo [n], radical du nom latin du roi des animaux. Prenez mon raisonnement pour ce qu'if vaut et croyez-moi votre dévoué Aug. BERNARD. Issy, près Paiis, 10 novembre 1H55.