page suivante »
SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE. 63 des principes. Enfin , l'auteur est sceptique quand il dit que « M. Saint-Marc Girardin est de ces esprits d'élite qui com- prirent qu'on ne pouvait enfermer partout et toujours l'es- prit humain dans d'immuables et invariables formules. » Je ne discuterai pas ce point , mais je voudrais voir un seul principe nouveau qui ne fût pas connu des anciens ; je vou- drais qu'ouvrant le Dante, le Tasse , Milton , Shakspeare , Klopstok , Schiller et Goethe , on indiquât des beautés qui, en réalité , fussent en dehors des règles classiques , telles qu'Afistole , Horace et Qiiintilien les ont tracées. M. de Chateaubriand savait mieux plaire et toucher par ses écrits, que disserter sur le beau. Au lieu de s'arrêter à cer- tains aphorismes romantiques fort peu concluants qu'on lui attribue, il serait plus à propos de prendre pour règle et pour appui cette pensée , citée aussi par l'auteur (1). < L'art ne consiste pas à trouver une de ces situations navrantes qui déchirent le cœur Les larmes que font verser les chefs- d'œuvre ont quelque chose de plus élevé et de plus doux ; le sentiment du beau , qui est une jouissance délicieuse pour l'âme , se mêle alors au sentiment de compassion qu'excite le spectacle des infortunes humaines ; et l'admiration partage le triomphe de la pitié. Ce sont là des larmes vraiment lit- téraires qu'il est doux de verser, beau de faire couler. » Expliquant une époque qui, malgré l'activité de la presse, a élé peu féconde en grands ouvrages , il est regrettable que M. Nettement n'ait pas donné plus de développement aux œuvres d'Ozanam. Sans parler de sa réfutation du saint-simo- nisme , ni de ses articles du Correspondant, ses brillantes leçons à la Sorbonne , ont commencé en 1840 ; il a publié , en 1845 , son bel ouvrage sur le Dante ; en 1847, ses Ger- mains , que l'inslitula couronnés. Il est vrai que la Civilisa- it) 1 vol., p. 141.